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Kora

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Caractéristiques de la Kora

  • Classification : instrument à cordes
  • Pays d’origine : Mali
  • Matériaux : calebasse pour la caisse ; peau d’animaux pour la table d’harmonie ; bois pour le manche et le chevalet ; nylon ou boyau pour les cordes
  • Tessiture : variable, mais généralement supérieure à trois octaves
  • Genre de musique : musique traditionnelle africaine, musique mandingue
  • Musiciens célèbres : Sidiki Diabaté (1922-1996), Lamine Konté (1945-2007), Soriba Kouyaté (1963-2010), Toumani Diabaté (1965), Ballaké Sissoko (1967), Sekou Kouyate (1984)
  • Chanson emblématique : « Dunya » de Lamine Konté, single de l’album « La Kora Du Sénégal/The Kora Of Senegal Vol. 1 », sorti en 1987

Tout savoir sur la kora : description, historique, culture, fonctionnement, accordage, entretien, options d’apprentissage et guide d’achat

La kora est un instrument d’origine mandingue. Depuis des années, elle a permis à plusieurs koristes d’amener la musique de l’Afrique de l’Ouest sur le devant des scènes occidentales. Ses mélodies ont également embelli de nombreuses œuvres culturelles et cinématographiques célèbres.

Ses autres appellations sont « harpe de l’Afrique de l’Ouest », « harpe mandingue » et « harpe-luth ».

Description de la kora

La kora est un instrument à cordes faisant partie de l’identité culturelle et artistique de l’Afrique de l’Ouest. Elle a une forme rappelant celle du luth. Ses principaux composants sont :

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  • une caisse de résonance ayant un diamètre compris entre 40 et 70 cm ;
  • une table d’harmonie ;
  • une ouïe qui est un trou de 10 cm de diamètre creusé du côté supérieur droit de la caisse ;
  • un chevalet situé sur la table ;
  • une entretoise, aussi appelée « transverse » ou barambando ;
  • un manche ou une hampe ;
  • un cordier, sous forme d’anneau, permettant de fixer les fils sur la partie basse de la caisse de résonance ;
  • deux poignées nommées bulkalamo ;
  • des anneaux ou des colliers d’accord enroulés autour de la hampe, également appelés « konsó » ;
  • des cordes.

Ces dernières sont généralement au nombre de 21. Toutefois, certains modèles peuvent en posséder jusqu’à 32.

Origine et histoire

Selon une légende mandingue, la première kora aurait vu le jour au XIIIe siècle au sein du royaume de Kaabu et de l’empire du Mali. À cette époque, dans une grotte de Kansala, vivait une femme-génie, une appellation utilisée pour désigner une personne possédant des pouvoirs de prédiction.

Dans un de ses rêves, celle-ci aperçut un instrument qui lui serait utile pour mettre en pratique ses dons. Ainsi, sans tarder, elle procéda à sa conception dès son réveil. À la fin de la journée, la kora originelle fut créée. À partir de ce moment, la femme-génie délivra ses prédictions en étant accompagnée des mélodies envoûtantes de celle-ci.

Un jour, Tiramakan Traore, général de l’empire du Mali et fondateur du royaume de Kaabu, fut impressionné par ces belles notes. Son émerveillement fut si grand au point de lui donner l’envie de voler l’instrument à la femme-génie. Il passa à l’action avec l’aide de Djelimaly Oulé Diabaté et de Waly Kelendjan, ses compagnons de chasse.

Une fois la kora récupérée, le chef de guerre décida de la confier à Djelimaly qui était l’un de ses griots. À sa mort, Kamba, le fils du musicien, hérita de la kora. Celle-ci fut ensuite transmise de père en fils jusqu’à finir dans les mains de Tilimaghan Diabaté. Ce dernier est celui qui a introduit cet instrument au Mali. Il est également le père de Sidiki Diabaté, et le grand-père de Toumani Diabaté, l’un des plus célèbres koristes au monde.

La kora dans la culture

Depuis sa création et jusqu’à ce jour, la kora contribue à mettre en avant la culture mandingue et africaine. Cette valorisation se fait principalement à travers la musique, le cinéma et plusieurs festivals.

Musiciens célèbres

La harpe-luth réunit plusieurs instrumentistes talentueux à travers le monde, dont Sidiki Diabaté. Il est l’un des descendants directs du griot ayant tenu l’instrument originel dans ses mains. Dans le milieu, il jouit d’une notoriété solide, voire légendaire, et est connu comme étant le « roi de la kora ».

Son fils, Toumani Diabaté, est également un koriste célèbre. Il a commencé à jouer dès son plus jeune âge, plus précisément à cinq ans. À 13 ans, il se fait connaître par le public en remportant le prix du meilleur orchestre traditionnel au côté du groupe « Ensemble de Koulikoro ». Sa notoriété s’est renforcée au fil des années lors de ses performances avec d’autres instrumentistes de renom. Il a notamment partagé la scène avec des artistes comme Kandia Kouyaté, Ballaké Sissoko et Taj Mahal.

Un autre koriste qui a contribué à la mise en avant de la harpe de l’Afrique de l’Ouest est Sekou Kouyate. Il est surnommé le « Jimi Hendrix de la kora ». Une de ses particularités est sa capacité à intégrer facilement cet instrument dans d’autres registres musicaux. Il s’agit, entre autres, du jazz, du rock, du funk, du rap ou encore du folk. L’un des titres connus de cet instrumentiste guinéen est « Faya », sorti en 2012, et produit en collaboration avec le guitariste américain Joe Driscoll.

Enfin, parmi les koristes féminines célèbres, Sona Jobarteh (1983) se trouve en tête de liste.

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Festivals

Il n’est pas rare de retrouver la harpe-luth dans certains événements publics centrés sur la culture et la musique africaine. Il est notamment possible de citer le « Festival international de la kora » ou encore celui nommé « La voix de la kora ». Les Kora Days, qui se déroulent généralement en quatre jours, valorisent également cet instrument mandingue.

En Afrique, une cérémonie du nom de « Kora Awards » a été créée afin de récompenser les artistes originaires de ce continent. Cet événement a la même ampleur que les Grammy Awards et les Victoires de la musique. Il existe ainsi plusieurs catégories de nomination, comme le meilleur artiste féminin ou masculin, le meilleur clip, le meilleur arrangement et bien d’autres encore.

Films

Dans l’univers cinématographique, plusieurs œuvres évoquent cet instrument, à citer :

  • « Kora », un long-métrage réalisé par Jorge Carvalho, et sorti en 2014 ;
  • « La voix de la kora », un film de Claudine Pommier sorti en 2016 ;
  • « Un air de kora », un court-métrage réalisé par Angèle Diabang, et sorti en 2018 ;
  • « Ballaké Sissoko, une histoire de kora », un documentaire écrit et réalisé par Lucy Durán et Laurent Benhamou, dont l’année de sortie en France est en 2023.

Enfin, il est possible d’entendre les mélodies de cet instrument dans plusieurs chansons du film d’animation intitulé « Kirikou ». À noter que celles-ci ont été composées par le chanteur sénégalais Youssou N’Dour.

Fonctionnement de la kora

À l’instar de la plupart des instruments à cordes, la kora est également qualifiée de cordophone. En d’autres termes, les sons qu’elle produit proviennent de la vibration des cordes pincées.

Comment la kora est-elle fabriquée ?

La composition de cet instrument présente quelques points de ressemblance à la facture de la harpe et du luth. Cette caractéristique explique, d’ailleurs, son appellation courante de « harpe-luth ».

Caisse de résonance

La caisse est réalisée à partir d’une calebasse, et plus précisément d’une moitié du fruit. Une fois celle-ci évidée, trois trous sont creusés dans la cucurbitacée. Le premier est la kora bounda ou ouïe. Les deux autres sont situés sur les parties supérieure et inférieure du demi-cercle afin de pouvoir y installer facilement le manche.

Table d’harmonie

La table d’harmonie est conçue à partir de peau d’animaux. Le fabricant prélève cette membrane sur une vache, une chèvre ou une antilope.

Le cuir mouillé est étendu sur la grande ouverture de la caisse. Il est ensuite maintenu sur le corps de celle-ci avec des punaises ou des clous en cuivre. Ces derniers sont agencés de manière à former des ornements.

Avant qu’elle ne soit complètement séchée, l’entretoise et les bulkalamo sont insérées sous la peau. Par la suite, les extrémités de ces bois sont passées à travers des trous de sortie percés dans le cuir.

Manche

Le manche ainsi que les autres composants en bois sont taillés dans du vène. Il s’agit d’un arbre de la famille des Fabaceae qui est également nommé « palissandre du Sénégal » ou Pterocarpus erinaceus.

Il a une longueur et un diamètre variables qui sont respectivement de l’ordre de 86 à 150 cm et de 35 à 42 mm.

Anneaux

La kora comporte deux types d’anneaux, à savoir les colliers d’accordage et le cordier. Ce dernier est installé à l’extrémité basse du manche. Il est fabriqué à partir d’un fer forgé.

Les anneaux d’accord sont faits en cuir d’animaux. Ces lanières, tressées ou non, sont enroulées autour du manche quand la peau est encore mouillée. Leur fonction est de maintenir la tension des cordes.

Sur certains modèles récents, les colliers d’accord d’origine animale sont remplacés par des matériaux plus modernes. Il s’agit de mécaniques de guitare électrique, de cheville en bois ou encore de clés de violoncelle ou de violon.

Chevalet

Le chevalet est une planchette en bois. Il est disposé sur une petite table d’harmonie qui est fabriquée avec la même essence, elle-même se trouvant sur celle en peau d’animaux. Cette partie de l’instrument est positionnée perpendiculairement à cette membrane.

Le chevalet est muni de 21 sillons réalisés à la scie à métaux. Les cordes passent dans ces incisions avant d’être fixées au cordier d’une part, et aux colliers d’accord d’autre part. Sur la planchette, les 21 encoches sont divisées en deux groupes. 11 sont ainsi disposées à gauche, et les 10 restantes, à droite.

Cordes

Les cordes, anciennement en boyau, sont actuellement faites en nylon ou en fils de harpe. Elles ont un diamètre variable compris entre 0,5 et 2,40 mm.

Comment en jouer ?

La kora se joue en position assise. Le musicien place son instrument en face de lui, et bien calé entre ses jambes. Pour interpréter de la musique, il positionne ses mains sur les bulkalamo. Il pince ensuite les cordes avec les pouces et les index, à la manière d’un harpiste.

Quid de la notation musicale ?

Jusqu’à la fin du XXe siècle, aucune méthode de transcription écrite des mélodies de la kora n’existait. En effet, cet art faisant partie d’une tradition orale, la notation se révéla inutile. Des années plus tard, des musicologues ont quand même développé plusieurs approches visant à conserver les notes.

Système classique occidental

Cette méthode s’appuie sur l’usage de deux portées qui sont les clés de sol et de fa.

Représentation du chevalet

Ce système consiste à utiliser une image représentant le chevalet et les cordes. Avec cette approche, l’instrumentiste peut facilement visualiser l’interaction entre ces dernières, le pouce et l’index des deux mains afin de maîtriser aisément le jeu.

Tablature Jaliya

Jaliya est un logiciel développé par Harald Lorenz. Cet outil dispose de son propre système de notation qui est une tablature audiovisuelle. Sur les transcriptions, les notes sont indiquées par des lettres majuscules et minuscules colorées, et les cordes par des lignes grises.

Dans ce programme, le jeu du pouce est représenté par un arc à la teinte foncée cintré vers le haut. Les interactions de l’index sont indiquées par un arc d’une nuance claire dirigé vers le bas. Pour différencier les actions des deux mains, il convient de prêter attention aux couleurs des courbes. Ainsi, le rouge fait référence à la main gauche et le bleu, à la main droite.

Enfin, les lignes et les numéros sur la matrice de partition désignent les subdivisions rythmiques.

Réglage d’une kora

Une kora peut être réglée selon quatre techniques d’accordage.

Sila ba

Il s’agit du mode d’accordage le plus courant. La sila ba est également appelée « kéléfa ba » ou « grande route ». Les gammes d’accords de base employées pour ce mode sont le fa majeur et le sol majeur. Les notes pour chacune de ces références sont respectivement paramétrées comme suit :

fasollasi bémoldomi

sollasidomifa dièseÀ noter que plusieurs koristes jugent le sila ba comme étant l’accordage le moins stable parmi les quatre techniques.

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Tomora

Aussi nommé « tomora mesengo » ou « diaka », ce second mode est l’une des plus anciennes techniques d’accordage connues. Il correspond à une variante mineure du sila ba, et se démarque des autres par sa complexité. En effet, le tomora comprend deux altérations et six modifications de cordes.

La gamme de base pour cette technique est le mi bémol majeur ou le do mineur. Cela se traduit par l’enchaînement des notes suivantes : fasolla bémolsi bémoldomi bémol.

Sawta

Le sawta ou sauta est une variante majeure du sila ba. L’accordage se fait selon la note do majeur : fasollasidomi.

Hardino

Le hardino, ardino ou xardino correspond à un mode d’accordage ayant des points de similitudes avec les mélodies de la musique flamenca. La gamme de base est le si bémol majeur, c’est-à-dire : fasollasi bémoldomi bémol.

Entretien d’une kora

La majorité des composants de la kora sont réalisés à partir de matériaux facilement dégradables. À cet effet, pour la préserver le plus longtemps possible, il existe quelques gestes à adopter dans le cadre de son entretien :

  • n’appliquer aucune huile sur la table d’harmonie ;
  • éviter de poser l’instrument dans un endroit où la température risque d’augmenter considérablement en peu de temps : dans une voiture stationnée lors de la saison estivale, près d’une cheminée, d’une fenêtre ou d’un radiateur ;
  • toujours ranger la harpe-luth dans sa housse lorsqu’elle n’est pas utilisée ;
  • remplacer les cordes qui se rompent facilement par d’autres fils ayant un diamètre plus petit ;
  • toujours veiller à ce que le chevalet soit positionné perpendiculairement à la table d’harmonie pour prévenir les sons parasites ;
  • prendre le temps de roder la harpe mandingue durant les deux semaines qui suivent son acquisition. Ce délai permet d’assurer une meilleure stabilité de celui-ci.

Enfin, à chaque problème relatif à l’instrument, il est recommandé de prendre immédiatement conseil auprès d’un luthier.

Apprentissage de la kora

Pour apprendre la kora, il est possible d’opter pour la méthode accompagnée ou l’autodidaxie.

Pour le premier choix, il suffit d’effectuer quelques recherches sur internet dans l’optique de trouver un professeur qualifié exerçant près de chez vous.

Pour la seconde option, vous pouvez vous tourner vers les ressources gratuites ou payantes en ligne.

Enfin, quelle que soit la méthode choisie, une familiarisation avec les mélodies de l’instrument permet un meilleur apprentissage.

Guide d’achat d’une kora

Aujourd’hui, la kora jouit d’une présence non négligeable sur la scène artistique en Occident. Cependant, elle peut encore être qualifiée de « nouvelle » sur le marché des instruments de musique. De ce fait, les arnaques se multiplient pour essayer de vendre des objets qui ne sont pas toujours des harpes-luths.

Parmi les cas d’escroquerie les plus courants, on peut citer la commercialisation d’objets ayant des fins ornementales. Ces derniers ont la même allure que l’instrument de musique. Toutefois, ils ne se prêtent pas au jeu, et sont destinés uniquement à la décoration.

Quels sont les critères d’achat ?

Pour acquérir le bon modèle, il est ainsi conseillé de prêter attention aux dimensions de celui-ci. En effet, les koras à usage décoratif ont tendance à être plus petites que les versions musicales. Ces dernières peuvent aussi arborer des ornements pyrogravés, peints ou faits de coquillage.

Il convient également de vérifier le nombre de cordes, qui doit être d’au moins 21 pour une harpe-luth. Une quantité inférieure de fils suggère un autre type d’instrument comme un n’goni ou un kamélé.

Par ailleurs, il est recommandé de ne pas se fier uniquement aux noms des griots célèbres pour juger de la fiabilité d’une boutique ou d’un vendeur.

Pour les musiciens débutants, évitez de choisir une kora munie d’anneaux d’accordage en cuir. Ceci est également valable pour celles présentant des chevilles d’accord en bois taillés à la serpe. En effet, le réglage risque de se révéler compliqué pour ces types d’instruments. Optez plutôt pour les modèles équipés de clés de violon ou de violoncelle dans un premier temps.

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Enfin, prêtez attention au prix. Méfiez-vous des montants trop élevés ou, a contrario, trop abordables. À titre informatif, il est nécessaire de prévoir un budget de 170 à 350 euros pour une harpe de l’Afrique de l’Ouest à la facture traditionnelle. Dans de rares cas, ces tarifs peuvent monter jusqu’à 500 ou 600 euros. Pour celles à facture moderne, le prix moyen est de 500 euros.

Où en acheter ?

Pour acheter une kora de meilleure qualité, l’adresse à privilégier est france-mineraux.fr. Disposant d’un marketplace dédié aux instruments de musique, ce site propose plusieurs modèles pouvant satisfaire les besoins de nombreux profils de koristes.

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