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Kanoun

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Caractéristiques du Kanoun

  • Classification : instrument à cordes
  • Pays d’origine : Grèce ou Assyrie
  • Matériaux : bois (caisse de résonance, cheviller, chevilles, chevalet), nylon ou PVF (cordes), peau d’animal ou synthétique (support du chevalet)
  • Tessiture : trois octaves et demie
  • Genre de musique : traditionnelle (orientale, arabe, turque), classique, savante, électronique, jazz, musique de film
  • Musiciens célèbres : Anzhela Atabekyan (née en 1938), Panos Dimitrakopoulos (né en 1973), Aytaç Dogan (né en 1976), Göksel Baktagir (né en 1966), Maya Youssef (née en 1984), Mohamed Ali Triki (né en 1986)
  • Chanson emblématique : album « Syrian Dreams » sorti en 2017, de Maya Youssef

Tout savoir sur le kanoun : sa présentation, son histoire, sa place dans la culture, son fonctionnement, son apprentissage, ses réglages et son achat

Instrument noble, le kanoun jouit d’une place notoire dans les musiques traditionnelles et classiques du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Europe de l’Est. Issu de la famille des cithares sur table, il entre dans diverses formations musicales, dont les orchestres philharmoniques. Ce cordophone, répandu dans de nombreux pays, doit sa réputation à son timbre lumineux et à sa riche palette sonore.  

Présentation du kanoun

Le kanoun actuel est relativement éloigné de la version originale, notamment celle mentionnée dans les contes du Xe siècle. Néanmoins, il en a gardé les caractéristiques principales. 

instrument-Kanoun-description

Kanoun d’antan

La littérature arabe évoque ce genre de cithare pour la première fois dans « Mille et une nuits ». L’instrument arborait des formes différentes dans le temps. En effet, il existait sous plusieurs aspects, comme celles avec une caisse de résonance triangulaire, rectangulaire ou encore trapézoïdale. Les cordes en boyau (intestins d’animaux) étaient soutenues par un chevalet à droite et fixées par des chevilles à gauche. Ces dernières étaient employées pour accorder les notes. La table d’harmonie était confectionnée en bois.

Kanoun moderne

Actuellement, le kanoun est reconnaissable à sa caisse de résonance trapézoïdale de 3 à 10 cm d’épaisseur. Cette forme est devenue le standard adopté dans la plupart des versions disponibles sur le marché. La grande base du corps mesure entre 75 et 120 cm, contre 25 à 45 cm pour la petite. L’arête perpendiculaire fait entre 34 et 45 cm de long. 

L’instrument est muni de 24 à 27 frettes qui soutiennent 3 cordes chacune, dont 24 aigues. Par exemple, le modèle classique turc, avec ses 26 cours, compte au total 78 cordes. Ce système sonore le rapproche du clavecin. La table d’harmonie comporte des rosaces percées au nombre de trois ou de quatre. Certaines variantes sont ornées de mosaïques incrustées ou d’autres éléments décoratifs. 

Matériaux du kanoun

Les matériaux choisis influent sur les performances du kanoun. Par exemple, le son émis par la caisse de résonance dépend des bois utilisés. Le sommet ou le corps est fabriqué en platane, en érable, en noyer, en épicéa ou en acajou. La base inférieure peut être en contreplaqué compressé ou en bois tendre, comme le tilleul. L’autre partie est faite de bois dur, à l’instar de l’ébène ou du buis. Le chêne, reconnu pour sa résistance, est privilégié pour concevoir le cheviller. Le chevalet, positionné à la perpendiculaire de la base, est en épicéa. Ce pont repose sur de la peau de vache, de poisson ou de la matière synthétique. Cette technique a pour objectif de rendre la sonorité plus chaude.

Cordes

A l’origine, les cordes étaient fabriquées en boyau, mais les fabricants modernes utilisent des matériaux synthétiques tels que le nylon, le PVF ou le métal enroulé. Elles sont accordées à l’unisson et disposées en chœur, générant une vibration par sympathie. Les graves, constituées de deux fils, sont positionnées à la base du trapèze. Les aigues, composées de trois cordes, sont placées au sommet de l’instrument. Selon leur nombre, elles donnent la possibilité de couvrir jusqu’à trois ou quatre octaves.

Leviers

Cette harpe ancienne possède des leviers en cuivre pour la variante arabe et en alliage de cuivre, de nickel et de zinc pour le modèle turc. Ces dispositifs agissent sur le ton des cordes à plusieurs degrés en permettant de changer la hauteur de ces dernières. Ils sont positionnés sur la table de support, à gauche de l’instrument, à côté de chaque rangée de cordes. Cet emplacement respecte un agencement précis, notamment des intervalles définis. En outre, le nombre de ces éléments métalliques détermine la musique jouable et devient ainsi une caractéristique propre.

Le kanoun turc est doté de cinq à douze leviers, dont les progressions se font par comma, un intervalle musical inférieur au demi-ton.

Le quanoun arabe comprend deux à six leviers, avec des progressions par ¼ de ton.

Les variantes arménienne et grecque portent un à quatre leviers, qui accordent des progressions par ½ ton.

Histoire et origine du kanoun

Le kanoun se démarque par sa polyvalence, justifiant son usage courant dans de nombreuses régions du monde. Sa présence dominante dans les musiques orientales lui a valu le surnom de « piano de l’Orient ». En revanche, il est réputé pour être difficile à jouer. Cette complexité de jeu a distingué ceux qui parvenaient à le maîtriser. Omer Efendi, musicien syrien du XIXe siècle, a introduit le qanun à Istanbul. Il fut également le premier à avoir manipulé la version dotée d’un mécanisme à leviers.

instrument-Kanoun-fonctionnement

Origines

Le kanoun existe depuis au moins le IVe siècle, bien que sa première mention documentée ne date que du Xe siècle. De plus, les sources divergent concernant son origine. 

Certaines avancent qu’il a été inventé par Abû Nasr Al-Fârâbî, philosophe médiéval d’origine persane et de confession musulmane. Certains prétendent que ce dernier n’a fait qu’améliorer la version originale créée par Ibn Hallegan.

L’autre certitude qui a lieu d’être reste l’existence de cet instrument dans l’Égypte ancienne, dans la région antique de Sumer et dans l’Empire perse. Il s’agirait également d’un descendant du « psaltirio », un instrument grec utilisé dans la musique byzantine.

Des musiciens affirment qu’il s’agit d’un ancêtre de la cithare occidentale, étant connu depuis le IXe siècle avant notre ère. Sa gravure sur une boîte d’ivoire découverte à Nimrud (ville irakienne devenue site archéologique) à l’époque néo-assyrienne en témoigne. La variante existante en Occident, la cithare commune, ne date que du Ve siècle avant notre ère.

Orthographies

En raison de son expansion dans divers pays, le kanun est orthographié de multiples façons. Parmi ses graphies figurent « kanon », « quanoun », « quanoûn », « kanun », « qanun » « kalong », « kanonaki ». Son étymologie grecque dérive de la racine canon, littéralement « règle ». Dans la langue arabe, le terme signifie « la loi ». 

Introduction en Afrique du Nord

Le kanon intègre la musique traditionnelle de la Méditerranée vers le milieu du XIXe siècle. Il est d’abord introduit en Tunisie puis en Algérie. Sa pratique ne s’est réellement répandue qu’au début du XXe siècle. Ce cordophone figure actuellement dans l’instrumentarium musical traditionnel algérien.

Instruments voisins

L’Europe regorge de nombreux dispositifs musicaux voisins du kalong. Le hummel est à la Suède ce que le langeleik est à la Norvège. Aux Pays-Bas, il est connu sous le nom de Noordsche Balk. Tous ces cordophones ont en commun la boîte en bois, leur jeu avec les mains et leurs cordes.

Place du kanoun dans la musique 

Comptant parmi les instruments traditionnels, le quanoûn caractérise les musiques des pays où il est pratiqué. Les recherches et les manifestations autour se multiplient. Par exemple, le Festival international du qanoun est organisé au Maroc, dont la 6ème édition s’est tenue à Rabat en novembre 2023. Cet événement de grande envergure témoigne de l’importance de ce descendant assyrien de la harpe ancienne.

Des musiciens de diverses nationalités contribuent au rayonnement international du kanoun, dont :

  • Anzhela Atabekyan (Arménie) ;
  • Abd el fattah Al Mansi (Égypte) ;
  • Ahmed Mneimneh (Liban) ; 
  • Panos Dimitrakopoulos (Grèce) ; 
  • Aytaç Doğan (Turquie) ;
  • Göksel Baktagir (Turquie) ;
  • Maya Youssef (Syrie).

Parmi les kanounjis (appellation du musicien) célèbres, toutes les origines sont confondues. Les joueurs de quanoûn rivalisent d’ingéniosité pour offrir à cette cithare orientale une visibilité internationale. Par exemple, Mohamed Ali Triki, dit Dali, apporte une véritable innovation en introduisant le qanûn dans la musique électronique. 

En Orient, il revêt un caractère élevé en symbolisant la connexion de l’âme au Divin, lui accordant ainsi une essence spirituelle. En Occident et partout ailleurs, le kanonaki rejoint des styles musicaux comme le jazz, entre autres.

Fonctionnement du kanoun 

Originellement, le kanoun était monophonique, reprenant la technique de jeu du koto japonais et du qin chinois. Ce fonctionnement remonte au XVIIIe siècle. Il consistait à jouer de la main droite et à appuyer sur les cordes de la main gauche. Ainsi se faisaient les modulations de la version antique de cet instrument.

Les leviers apparaissent pour la première fois sur le kanon vers la fin du XIXe siècle. Les facteurs de l’Empire ottoman ont muni leurs exemplaires de ces dispositifs pour permettre une altération de la note. Ces luthiers ont apporté d’autres innovations ayant permis d’améliorer la qualité du son à travers la modification du timbre et du volume. Ils ont mis des éléments (des cadres) en peau de poisson entre le chevalet et la caisse de résonance. La sonorité produite a radicalement changé.

La grande particularité de cette forme de cithare sur table reste sa sonorité qui semble combiner celle du piano et de la clarinette.

Technique de jeu : comment jouer du kanoun ?

Réputé difficile, le kanoun appartenait presque exclusivement à la musique savante et classique. Actuellement, il est inclus dans les compositions contemporaines, y compris les musiques de film. Ce cordophone peut être un instrument de soliste ou d’accompagnement (percussion, chant ou orchestre). Néanmoins, son jeu requiert la maîtrise de contraintes particulières.

Pour jouer, le kanounji s’installe sur une chaise et pose le qanun sur ses genoux ou sur un support (comme une table). Il positionne son pouce droit derrière ou sur la corde précédente. Ensuite, il frappe les cordes avec ses index nus ou sertis de bague métallique. L’utilisation de ce plectre (en métal, en plastique, en écaille de tortue ou en corne de bœuf) ajoute de la richesse aux sons. Pour obtenir cette sonorité, il place le plectre perpendiculairement et touche trois cordes simultanément. 

De la main droite, le musicien joue la mélodie en attaquant la corde qui précède le cadre de résonance ou celle du milieu. De la main gauche, il peut (au choix) :

  • jouer la même mélodie, mais à une octave en dessous ;
  • accompagner la mélodie de la main droite avec un jeu en arpège ;
  • jouer des effets pour obtenir une ornementation : vibrato, glissando, étouffement, trémolo ;
  • aider à jouer les sextolets, les triples-croches ou les trilles ;
  • faire des modulations en levant ou en abaissant les leviers.

Toutes les sortes d’ornementations sont possibles avec le kanoun. Le kanounji peut réaliser des trémolos (une ou deux mains), des vibratos (avec levier ou ongle), du glissando ou du pizzicato. L’étouffement et l’harmonique sont d’autres fioritures envisageables.

Notation musicale : comment la musique est-elle notée ?

La tablature du kanonaki reprend celle utilisée pour d’autres instruments tels que la harpe et le piano. Son registre tonal couvre trois octaves et demie, des graves aux aigus.  

Apprentissage du kanoun 

En réalité, aucune école spécialisée dans l’enseignement du kanoun n’existe pour l’instant. Les conservatoires et les écoles de musique ne disposent pas non plus de professeurs spécialisés ou qualifiés. 

En revanche, il est possible de s’initier à ce cordophone et de le maîtriser complètement. Les options sont multiples, comme les cours particuliers auprès d’un natif des pays d’origine ou les recherches en ligne à travers les vidéos et les forums. Il est nécessaire de rappeler qu’il y a des différences notables entre les techniques turques et arabes, entre autres. En ce sens, diversifier ses sources aide à étendre au maximum les connaissances et le jeu.

Participer à des événements, à l’instar du Festival international du qanun, aide aussi à mieux appréhender les techniques. Toutes ces pistes sont à compléter avec une pratique régulière, l’unique moyen de progresser rapidement.

Réglages du kanoun 

Le réglage du kanoun est complexe en raison du nombre élevé de cordes. Pourtant, jouer sur les bons accords reste indispensable pour exploiter à bon escient les performances de ce cordophone. De plus, l’accord varie considérablement en fonction du modèle, qu’il soit arabe, turc ou autre. Chaque octave contient généralement huit notes, d’où la nécessité des leviers pour élargir le jeu.

Le type d’accord suivant correspond à celui du quanoûn arabe. Cette variante est réglée sur une gamme d’ut majeur qui part du sol no2. Le réglage peut se faire avec une clef d’accordage pour tourner la cheville et y exercer une pression pour modifier les tons.

instrument-Kanoun-apprendre

Accord en , mi, fa, sol : cas 1

Le kanounji se réfère au tableau suivant pour jouer les notes accordées en , mi, fa, sol :

CordeNoteL1L2L3L4L5
OOXOO
mimiOOXOO
fafaOOXOO
solsolOOXOO

Dans ce premier cas, le musicien a levé le 3e levier et l’accord ne permet aucune altération.

Accord en , mi, fa, sol : cas 2

Dans cette configuration, les accords sont les mêmes que pour le premier cas. En revanche, le 3e levier est levé pour toutes les notes, à l’exception de celui du fa. Le musicien a choisi de les abaisser.

CordeNoteL1L2L3L4L5
OOXOO
mimiOOXOO
fafaOOOOO
solsolOOXOO

Ce cas de figure permet une altération du fa en sol, ainsi qu’un jeu sur , mi, sol, sol bémol. En revanche, le fa ne peut pas être abaissé en mi. En conséquence, le musicien ne peut pas jouer les notes suivantes sur quatre cordes consécutives : , mi bémol, mi, sol.

Choix et achat du kanoun

France Minéraux vend des kanouns fabriqués par des luthiers reconnus dans l’univers de la musique. Quelques points de vérification aident à choisir le quanoûn le plus adapté, comme :

  • le cheviller : idéalement en chêne ou autre bois solide ;
  • les chevilles : de préférence en ébène, apprécié pour sa densité et sa résistance aux variations climatiques ;
  • les cordes : en nylon uni (modèle arabe) ou PVF (variante turque) ;
  • les leviers : de deux à douze (turc) ou de un à cinq (arabe), avec un réglage correct et un déplacement facile ;
  • la peau : la peau naturelle produit un son exceptionnel, mais est soumise aux variations climatiques tandis que le matériau synthétique (plastique) se révèle plus résistant ;
  • le pont ou chevalet : préférablement en érable, avec une pièce en ébène au-dessus pour plus de punch.

D’autres critères complètent ces éléments, comme les dimensions et le poids. Le modèle turc se révèle plus léger que le kanoun arabe, connu pour être plus massif. Le choix du plectre a son importance, puisqu’il apporte davantage de richesse au son. Bien qu’un pic en plastique puisse convenir, celui en matériau naturel reste préconisé pour profiter d’une sonorité plus authentique.

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