Orthographies
En raison de son expansion dans divers pays, le kanun est orthographié de multiples façons. Parmi ses graphies figurent « kanon », « quanoun », « quanoûn », « kanun », « qanun » « kalong », « kanonaki ». Son étymologie grecque dérive de la racine canon, littéralement « règle ». Dans la langue arabe, le terme signifie « la loi ».
Introduction en Afrique du Nord
Le kanon intègre la musique traditionnelle de la Méditerranée vers le milieu du XIXe siècle. Il est d’abord introduit en Tunisie puis en Algérie. Sa pratique ne s’est réellement répandue qu’au début du XXe siècle. Ce cordophone figure actuellement dans l’instrumentarium musical traditionnel algérien.
Instruments voisins
L’Europe regorge de nombreux dispositifs musicaux voisins du kalong. Le hummel est à la Suède ce que le langeleik est à la Norvège. Aux Pays-Bas, il est connu sous le nom de Noordsche Balk. Tous ces cordophones ont en commun la boîte en bois, leur jeu avec les mains et leurs cordes.
Place du kanoun dans la musique
Comptant parmi les instruments traditionnels, le quanoûn caractérise les musiques des pays où il est pratiqué. Les recherches et les manifestations autour se multiplient. Par exemple, le Festival international du qanoun est organisé au Maroc, dont la 6ème édition s’est tenue à Rabat en novembre 2023. Cet événement de grande envergure témoigne de l’importance de ce descendant assyrien de la harpe ancienne.
Des musiciens de diverses nationalités contribuent au rayonnement international du kanoun, dont :
- Anzhela Atabekyan (Arménie) ;
- Abd el fattah Al Mansi (Égypte) ;
- Ahmed Mneimneh (Liban) ;
- Panos Dimitrakopoulos (Grèce) ;
- Aytaç Doğan (Turquie) ;
- Göksel Baktagir (Turquie) ;
- Maya Youssef (Syrie).
Parmi les kanounjis (appellation du musicien) célèbres, toutes les origines sont confondues. Les joueurs de quanoûn rivalisent d’ingéniosité pour offrir à cette cithare orientale une visibilité internationale. Par exemple, Mohamed Ali Triki, dit Dali, apporte une véritable innovation en introduisant le qanûn dans la musique électronique.
En Orient, il revêt un caractère élevé en symbolisant la connexion de l’âme au Divin, lui accordant ainsi une essence spirituelle. En Occident et partout ailleurs, le kanonaki rejoint des styles musicaux comme le jazz, entre autres.
Fonctionnement du kanoun
Originellement, le kanoun était monophonique, reprenant la technique de jeu du koto japonais et du qin chinois. Ce fonctionnement remonte au XVIIIe siècle. Il consistait à jouer de la main droite et à appuyer sur les cordes de la main gauche. Ainsi se faisaient les modulations de la version antique de cet instrument.
Les leviers apparaissent pour la première fois sur le kanon vers la fin du XIXe siècle. Les facteurs de l’Empire ottoman ont muni leurs exemplaires de ces dispositifs pour permettre une altération de la note. Ces luthiers ont apporté d’autres innovations ayant permis d’améliorer la qualité du son à travers la modification du timbre et du volume. Ils ont mis des éléments (des cadres) en peau de poisson entre le chevalet et la caisse de résonance. La sonorité produite a radicalement changé.
La grande particularité de cette forme de cithare sur table reste sa sonorité qui semble combiner celle du piano et de la clarinette.
Technique de jeu : comment jouer du kanoun ?
Réputé difficile, le kanoun appartenait presque exclusivement à la musique savante et classique. Actuellement, il est inclus dans les compositions contemporaines, y compris les musiques de film. Ce cordophone peut être un instrument de soliste ou d’accompagnement (percussion, chant ou orchestre). Néanmoins, son jeu requiert la maîtrise de contraintes particulières.
Pour jouer, le kanounji s’installe sur une chaise et pose le qanun sur ses genoux ou sur un support (comme une table). Il positionne son pouce droit derrière ou sur la corde précédente. Ensuite, il frappe les cordes avec ses index nus ou sertis de bague métallique. L’utilisation de ce plectre (en métal, en plastique, en écaille de tortue ou en corne de bœuf) ajoute de la richesse aux sons. Pour obtenir cette sonorité, il place le plectre perpendiculairement et touche trois cordes simultanément.
De la main droite, le musicien joue la mélodie en attaquant la corde qui précède le cadre de résonance ou celle du milieu. De la main gauche, il peut (au choix) :
- jouer la même mélodie, mais à une octave en dessous ;
- accompagner la mélodie de la main droite avec un jeu en arpège ;
- jouer des effets pour obtenir une ornementation : vibrato, glissando, étouffement, trémolo ;
- aider à jouer les sextolets, les triples-croches ou les trilles ;
- faire des modulations en levant ou en abaissant les leviers.
Toutes les sortes d’ornementations sont possibles avec le kanoun. Le kanounji peut réaliser des trémolos (une ou deux mains), des vibratos (avec levier ou ongle), du glissando ou du pizzicato. L’étouffement et l’harmonique sont d’autres fioritures envisageables.
Notation musicale : comment la musique est-elle notée ?
La tablature du kanonaki reprend celle utilisée pour d’autres instruments tels que la harpe et le piano. Son registre tonal couvre trois octaves et demie, des graves aux aigus.
Apprentissage du kanoun
En réalité, aucune école spécialisée dans l’enseignement du kanoun n’existe pour l’instant. Les conservatoires et les écoles de musique ne disposent pas non plus de professeurs spécialisés ou qualifiés.
En revanche, il est possible de s’initier à ce cordophone et de le maîtriser complètement. Les options sont multiples, comme les cours particuliers auprès d’un natif des pays d’origine ou les recherches en ligne à travers les vidéos et les forums. Il est nécessaire de rappeler qu’il y a des différences notables entre les techniques turques et arabes, entre autres. En ce sens, diversifier ses sources aide à étendre au maximum les connaissances et le jeu.
Participer à des événements, à l’instar du Festival international du qanun, aide aussi à mieux appréhender les techniques. Toutes ces pistes sont à compléter avec une pratique régulière, l’unique moyen de progresser rapidement.