Le fonctionnement du gender
Le bon fonctionnement de ce métallophone dépend de quelques paramètres : sa qualité de fabrication, sa taille, les matériaux utilisés et la manière d’en jouer.
Les étapes de fabrication
La fabrication de tous les composants du gamelan, dont le gender, est à la charge du pandé ou « maître forgeron ». Pour cela, il emploie une équipe d’artisans qualifiés qui se répartissent les tâches : entretien du feu, fabrication des cadres en bois, sculpture, peinture, travail du bronze ou encore travail des peaux. Traditionnellement, tout est réalisé à la main.
Le pandé prête une attention particulière aux étapes requises pour l’élaboration des dispositifs en bronze. Il supervise étroitement la fusion du cuivre de l’étain en vue d’obtenir les proportions adéquates pour l’accord final des lames et des gongs. Le bronze est porté à très haute température, martelé avec précision, puis remis au feu avant d’être poncé, poli et à nouveau martelé à froid pour affiner l’accord.
L’artisan responsable conçoit un cadre en bois dont les sculptures correspondent à celles des instruments appartenant au même gamelan. Elles varient donc d’un orchestre à l’autre. Au-dessus du cadre, il place des lames en bronze maintenues par une corde, elle-même tenue par un piquet.
Les lamelles sont suspendues au-dessus de tubes en bambou ou en métal, faisant office de résonateurs. Cela signifie qu’ils sont destinés à amplifier le son lorsque les lames sont percutées. Le gender est un idiophone, car le son est produit par le matériau à partir duquel il est fabriqué.
Il se décline en trois tailles, dont la plus petite est de 43 cm de largeur sur 89 cm de longueur. Quelle que soit la taille du modèle, il est accompagné de deux mailloches, une pour chaque main.
La manière d’en jouer
Le gender ne se joue pas individuellement, mais dans le cadre du gamelan. Le plus souvent, cet ensemble musical est abrité sous un pendhopo, un toit au sommet pointu qui repose sur une structure carrée en bois, ancrée dans le sol. Elle ne dispose pas de murs, si bien que la musique se disperse aux quatre vents.
Les musiciens se déchaussent, entrent et regagnent leurs places respectives en évitant d’enjamber les instruments posés au sol. Ils s’assoient tous en tailleur sur des nattes. Aucune partition ne les y attend.
Les joueurs de gongs et d’instruments à lames prennent leurs mailloches. Celles du gender sont cerclées de tissu ; avec une dans chaque main, l’instrumentiste frappe les lames et y appuie le doigt ou la main pour étouffer le son.
Le gamelan comporte deux ensembles d’instruments accordés selon deux échelles différentes : slendro et pelog, qui ne peuvent être jouées simultanément. Selon le répertoire abordé, chaque ensemble comprend 15 à 25 joueurs.
Les pièces de style soran ou « fort » utilisent uniquement les percussions de bronze et deux tambours. En dehors de ce style, la majorité des répertoires fait appel à tous les autres instruments, dont six gender et deux gambang.
Notation musicale : la conservation de la musique
Le gamelan est essentiellement une tradition orale. Il n’existe ni archive écrite sur son histoire, ni notation musicale pour la conservation de la musique. Il ne se base pas non plus sur des noms de compositeurs ou d’interprètes.
Cette musique traditionnelle est l’œuvre de collectivités et non d’artistes individuels. Elle se joue à plusieurs avec divers instruments. Personne ne se distingue, puisqu’aucun artiste ne joue un rôle plus important que les autres. Les joueurs de gender sont tout aussi anonymes que ceux de gongs ou de tambours.
La majorité des postes ne demande pas de technique particulière, mais exige une capacité de réaction instantanée à toute sollicitation musicale des autres instruments. En général, le développement d’un répertoire abordé n’est pas fixé au départ, mais dépend du contexte ou du ressenti des artistes.
Le gamelan est une véritable source de fierté nationale. Il continue à être transmis d’une génération à l’autre par le moyen de formations formelles et informelles. Celles-ci ont lieu dans les écoles et dans le cadre d’activités extrascolaires.
Le réglage du gender
Le réglage du gender est effectué lors de l’élaboration de l’idiophone. À l’instar de toutes les pièces en bronze, les lames font l’objet d’une extrême précision quant aux quantités de cuivre et d’étain à fusionner. Ces proportions confèrent l’accord final des lames et des gongs.
Divers procédés sont ensuite utilisés pour affiner l’accord : martelage à chaud, ponçage, polissage et à nouveau martelage à froid. Les échelles slendro et pelog sont identifiables, mais ne sont pas identiques d’un ensemble à un autre. Chaque nouvel instrument est en fait une pièce unique.