De nombreux modèles sont équipés de touches supplémentaires sur le côté droit pour émettre des notes accidentelles. Sur la partie gauche, des accords supplémentaires sont disponibles. En outre, une rangée de boutons de basse libre est présente en vue de faciliter l’exécution de mélodies de basse.

Les garmons se déclinent en deux catégories : les modèles unisonores et les versions bisonores. Les premiers produisent la même note ou le même accord lorsque le soufflet est étendu ou comprimé. Les variantes les plus connues sont : la livenka, le khromka, la talyanka ainsi que l’accordéon de Toula. Par ailleurs, pour les garmoshka bisonores, comme ceux de Kasimov, la note varie en fonction de la direction du soufflet. 

Cette configuration permet de jouer une gamme étendue de sonorités pour une exploration musicale variée.

• Vingt-cinq boutons d’aigus répartis sur deux rangées : ils couvrent trois octaves diatoniques avec trois altérations. Des versions étendues de 27 ou 29 touches d’aigus existent, ajoutant respectivement deux altérations ou deux notes supplémentaires.
• Vingt-cinq boutons de basse disposés sur trois lignes : une rangée pour la basse libre, et deux autres, constituées de huit touches, destinées aux notes de basse et aux accords.

Cette configuration permet de jouer une gamme étendue de sonorités en vue d’une exploration musicale plus poussée.

L’arrangement du clavier droit

Le clavier aigu est configuré de manière à produire une série de notes en alternance entre les deux rangées. Les doigtés pour les octaves basses et aiguës restent les mêmes, tandis que ceux de l’octave médiane changent. De plus, les trois notes accidentelles sont disposées de manière à correspondre aux harmonies jouées par la main gauche.

La disposition du clavier gauche

Les principaux accords majeurs sont placés dans la rangée extérieure selon l’ordre des quintes. Cependant, ceux de la tonalité harmonique mineure se trouvent au milieu. Les notes de basse libre sont positionnées dans la ligne intérieure, avec une note accidentelle ajoutée pour plus de flexibilité.

Différents types de garmon

Les artisans russes ont développé une variété de garmons locaux en fonction des besoins et des préférences musicales locales.

La khromka

La khromka a été créée en 1870 à Toula par Nikolaï Beloborodov, un musicien russe. Il s’agit d’un accordéon unisonore et diatonique. Cet instrument comporte deux ou trois boutons chromatiques sur le clavier droit, généralement pour les notes G♯1, D♯2, F♯2. Cette version a gagné en popularité en Russie. La plupart des garmoshka russes (et soviétiques) actuels, produits dans les usines de Shuya et de Toula, sont des khromkas.

Le garmon de Toula

Le tula garmon est le premier accordéon russe fabriqué à partir des années 1830. Il est équipé de cinq ou sept boutons sur le clavier droit. Cet instrument offre deux octaves diatoniques complètes, allant de C4 à C6. Le clavier de basse gauche dispose de deux touches. Cette variante a servi de référence pour la fabrication de tous les garmoshkas bisonores diatoniques russes, y compris ceux de Saratov, de Kasimov et d’autres encore.

La livenka

La livenka, aussi connue sous le nom de Livenskaya garmoshka a fait son apparition vers 1860. Elle a été fabriquée dans les usines situées autour de la capitale de Livny. 

Les garmons caucasiens et asiatiques

Les garmons asiatiques s’inspirent tous des modèles de la khromka, du garmon de Viatka et de celui de Toula, mais ont été adaptés aux particularités des traditions musicales locales. Certains ont été développés dans des usines de fabrication d’instruments de musique au cours du XX^e siècle.

Dans la région du Caucase, le phændur est la variante la plus connue. Basé sur l’accordéon européen, il est spécialement adapté aux caractéristiques de la musique folklorique ossète.

Histoire du garmon

Le garmon a été introduit en Géorgie et en Arménie depuis la Russie vers les années 1830. Il a rapidement conquis les musiciens folkloriques. Cet instrument était très populaire en Touchétie, où il était joué pour accompagner les chants et les danses.

Par ailleurs, le garmoshka dispose de deux variantes miniatures, notamment le tsiko-tsiko et le buzika. Ce dernier est prisé par les habitants des montagnes de Géorgie. Caractérisé par sa sonorité unique, il est considéré comme un dispositif musical féminin, souvent offert à la mariée lors des fiançailles. Employé au cours des festivals, des fêtes nationales et des célébrations, il ajoute une touche rythmique aux danses. Le buzika peut être joué en solo ou en groupe, avec d’autres instruments comme le doli, le diplipito, la daira et le panduri.

Le tsiko-tsiko est principalement utilisé afin d’accompagner les danses en Arménie et en Géorgie.

Place du garmon dans la culture

Le garmon constitue un élément essentiel de la musique folklorique russe. Il occupe également une place importante dans les traditions musicales des peuples caucasiens comme les Tcherkess, les Géorgiens ainsi que les Ossétiens. Dans les régions de la Volga et de l’Oural, le garmoshka est profondément enraciné dans la culture des Maris. Aussi employé dans la musique slovène, il s’intègre dans divers genres de musique populaire. 

Fonctionnement du garmon

Le fonctionnement du garmon repose sur le soufflet et les anches métalliques présentes à l’intérieur. Les boutons jouent également un rôle crucial dans la production des mélodies.

Comment en jouer ?

Cet instrument se joue de la même manière qu’un accordéon diatonique. Le musicien utilise sa main droite pour actionner le soufflet. Il comprime ou étire celui-ci en vue de faire circuler l’air à travers les anches métalliques, produisant ainsi des vibrations et générant des sons. Sa main gauche presse les boutons dans le but de contrôler les notes et les accords. L’instrumentiste appuie sur la valve d’air tout en manipulant les touches de manière synchronisée afin de créer une grande variété d’expressions musicales.

Notation musicale : comment la musique est-elle conservée ?

Il existe deux principaux systèmes de tablatures pour accordéons diatoniques, à l’instar du garmon : le CADB et le Corgeron. 

Créé par Yann Dour, il utilise des lettres dans le but d’indiquer le sens du soufflet (P pour pousser et T pour tirer) et des apostrophes afin de différencier les rangées. Par exemple, do est représenté par 3′ en poussant et 3 en tirant.

Le système Corgeron a été inventé par Jean-Michel Corgeron en 1984. Il illustre le changement de rangée avec des lettres (C pour la rangée de do, G pour la rangée de sol).

Réglage et entretien du garmon

Le garmon nécessite un réglage et un entretien réguliers en vue d’assurer son bon fonctionnement. Afin d’en prendre soin, il est recommandé de :

• le protéger contre les variations de températures extrêmes ;
• nettoyer les surfaces extérieures avec un chiffon doux dans le but d’éliminer les saletés ;
• ne pas appliquer de produits chimiques agressifs qui pourraient endommager le vernis ou les matériaux ;
• éviter de l’exposer à une humidité excessive, car cela peut entraîner la rouille des parties métalliques et le gonflement du bois ;
• vérifier l’état des anches et des autres éléments avant chaque utilisation ;
• ranger l’instrument dans un étui adapté afin de le protéger des dommages.

Vu la fragilité du garmoshka et la complexité de ses mécanismes, il reste judicieux de confier son réglage à un professionnel.

Apprentissage du garmon

Pour apprendre à jouer du garmon, suivre des cours dans une école de musique est l’option la plus recommandée. Dans ce genre d’établissement, vous bénéficiez de l’encadrement de professeurs qualifiés qui peuvent vous enseigner les bases et les techniques avancées du garmoshka. Les programmes d’études de ces institutions sont structurés de manière progressive, permettant un apprentissage étape par étape. De plus, les écoles de musique fournissent souvent des ressources telles que des partitions et des salles de pratique équipées d’instruments de qualité.

Si vous souhaitez progresser à votre propre rythme, vous pouvez engager un professeur particulier. L’enseignant peut personnaliser le contenu de la formation en fonction de vos besoins, de votre niveau et de vos objectifs. Les conseils et les encouragements personnels de ce spécialiste sont importants pour vous aider à rester engagé dans votre apprentissage.