Existence ancienne
Une preuve de l’existence d’un modèle ancien de cet instrument collectif a été retrouvée dans la région centrale de Java. Il s’agit d’une sculpture en relief se trouvant sur les murs d’un monument bouddhiste datant du VIIIe siècle. L’image montre des musiciens jouant différents instruments, comme des métallophones, des xylophones, des tambours, des cloches et des luths.
À Bali, la plus ancienne présence du gamelan a été remarquée au IXe siècle, et plus précisément lors du règne du roi Sri Kesari Warmadewa.
Au XIIe siècle, les modèles munggang et kodok ngorek font leur apparition dans la cour de Java. Ils étaient principalement joués lors des cérémonies de couronnement et pendant des mariages royaux.
Le XVe siècle se voit marqué par un ensemble baptisé reyog. Cette collection était surtout employée pour accompagner les spectacles d’un art homonyme.
Au fil des siècles, plusieurs modèles de gamelan ont vu le jour dans de nombreuses régions de l’Indonésie. Ces versions se révèlent différentes les unes des autres. Il est bon de préciser que cette distinction concerne, non seulement la composition des ensembles, mais aussi leur style et leur répertoire. Le contexte d’utilisation varie également d’une collection à une autre.
Existence actuelle
Tout au long de son histoire, cet ensemble instrumental est devenu un marqueur culturel de l’Indonésie. Il a, à cet effet, fait l’objet de nombreuses distinctions.
Ainsi, en 2014, les traditions du gamelan rejoignent la liste du patrimoine culturel immatériel national d’Indonésie. La déclaration de reconnaissance a été prononcée par le ministère indonésien de l’Éducation et de la Culture.
En 2021, à la date du 15 décembre, l’UNESCO inscrit cet instrument collectif sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Place du gamelan dans la culture
Le gamelan fait partie des richesses culturelles de l’Indonésie. Par conséquent, il occupe une place importante dans l’histoire, ainsi que dans les us et coutumes de ce pays. Il est également un élément essentiel dans la valorisation de ce grand archipel à travers le monde.
Rituels et cérémonies
Depuis de nombreux siècles, cet instrument collectif accompagne des rituels religieux dans plusieurs villages indonésiens. À titre d’exemple, il est possible d’entendre les mélodies uniques du gamelan pendant la célébration de Sekaten. Il s’agit d’une semaine de festivités marquant la commémoration de l’anniversaire du prophète islamique Mahomet. Cette célébration vise aussi à promouvoir la foi islamique.
Cet ensemble instrumental est également utilisé durant un Odalan. Cette cérémonie représente une occasion pendant laquelle une communauté effectue des services religieux, et célèbre l’anniversaire de la fondation d’un temple hindou.
Outre les rituels religieux, l’usage du gamelan est aussi courant pendant les cérémonies traditionnelles. Il est ainsi fréquent de le retrouver dans les mariages, les solennités funéraires ou encore les circoncisions.
Spectacles et performances scéniques
Les représentations publiques en Indonésie se déroulent, presque toujours, sous les notes mélodieuses de cet instrument collectif. Les disciplines concernées sont variées, et comprennent les danses traditionnelles, les théâtres, les concerts et les spectacles de marionnettes.
Festivals
Le gamelan se retrouve dans la majorité des festivals organisés en Indonésie. Il est parfois utilisé pour l’animation des festivités. Il peut également constituer le thème ou l’attraction principale de l’événement.
Une des fêtes où cet ensemble instrumental a été présent est le festival culturel balinais. Plusieurs personnes ont également pu apprécier ses notes lors de l’édition 2018 du festival international des performances et des arts de Borobudur.
Émissions radiophoniques
En Occident, quelques chaînes de radio mettent en lumière ce patrimoine culturel de l’Indonésie. En naviguant sur le site de France Musique, par exemple, vous pouvez trouver un podcast abordant cette thématique. Son titre est « Sortilèges et enchantements : la musique de gamelan ».
L’émission vous embarque dans une découverte musicale au rythme des percussions, et à travers des musiques javanaise, balinaise et sundanaise.
Films
Dans l’univers du cinéma, plusieurs œuvres parlent de cet ensemble instrumental. Un exemple d’ouvrage connu est celui intitulé « Le Gamelan de Bali ». Il s’agit d’un documentaire réalisé par Lorraine Robinson et publié en France en 2001. Le film relate une partie de la vie de Madé, facteur et musicien balinais. Dans ce reportage, le jeune homme met également en avant certains rites, cérémonies et coutumes de son pays.
En restant dans le domaine du septième art, il est aussi possible d’évoquer la bande originale du film « The Ice Storm ». Cet album musical comporte, en effet, des morceaux travaillés avec du gamelan et une flûte amérindienne. À noter que tous les titres ont été composés par Mychael Danna.
Fonctionnement du gamelan
Pour comprendre les fonctionnements et les rouages de cet instrument collectif, il est important d’en savoir plus sur sa facture. Il est également conseillé de prendre connaissance de la manière de jouer et du système de conservation de la musique.
Fabrication
L’artisan en charge de la fabrication du gamelan est appelé pande. Les ateliers de production se trouvent dans plusieurs villages situés aux îles de Bali et de Java.
Choix des matériaux
Le processus commence par le choix des matières premières. À l’instar de la composition de l’ensemble d’instruments, la nature des matériaux s’avère également variée. Toutefois, le plus utilisé demeure le métal. Le facteur a notamment recours à du bronze, du fer, du cuivre, de l’étain, de l’argent et du laiton. Il emploie également du bambou, des cordes, du bois et du cuir de buffle.
Étapes de fabrication
Le processus de fabrication peut être résumé en six étapes.
Le membesot représente la première étape consistant à faire fondre les métaux dans le kowi, un bol en argile.
Le menyinggi permet de donner forme au mélange précédemment fondu.
Le menempa est l’opération au cours de laquelle les artisans forgent et façonnent le métal de manière à parfaire leur forme. Ensuite, au moment du membabar, une vérification plus poussée est réalisée afin d’éliminer et de corriger les éventuels défauts subsistants.
La cinquième étape est le melaras. Elle consiste à effectuer les derniers ajustements permettant de garantir la qualité des instruments, ainsi que leurs fonctionnalités.
Enfin, le facteur procède au montage et à l’installation de l’ensemble.
Jeu
L’ensemble étant composé de plusieurs instruments, il rassemble ainsi plusieurs musiciens. Pour produire les notes, les nayaga ont recours à un maillet ou à des baguettes munies de bout feutré.
Notation musicale
La notation musicale du gamelan se base sur trois systèmes.
Les deux premiers, le yogyakarta et le surakarta, ont été développés au XIXe siècle afin de faciliter l’archivage des morceaux dans des registres officiels. La transcription se fait sur un cadre semblable à un damier. Les lignes verticales, au nombre de six ou de sept, représentent les notes de hauteur les plus élevées dans le cadre mélodique. Les horizontales indiquent la série de temps.
Les symboles situés à gauche du cadre font référence à la structure colotomique ou métrique des percussions. Ceux situés à droite désignent les caractéristiques propres aux tambours.
Le troisième système de notation, et qui est le plus utilisé, est le kepatihan. Il a été mis en place au début du XXe siècle. Sur ce type de transcription, les notes en hauteur sont indiquées par des numéros : 1 à 7 pour un accordage en pelog, et 1 à 6 pour un slendro. Les points désignent les octaves.
Réglage du gamelan
Le gamelan est réglé selon deux échelles, à savoir le pelog et le slendro.
Le premier système d’accordage est réservé aux ensembles pourvus d’une gamme heptatonique. En d’autres termes, le pelog possède sept notes. Il produit un son suggérant une ambiance sacrée, royale ou encore virile.
Le slendro est un accordage pour les collections à gamme pentatonique. Il est ainsi pourvu de cinq notes. Sa mélodie a une allure joyeuse et légère.