Album
Le lien étroit entre l’écontine et le banjo américain se reflète à travers l’album « Ears of the People : Ekonting Songs from Sénégal and The Gambia ». Il résulte d’un travail entrepris pendant plusieurs années, basé sur les recherches de Jatta. Ce dernier a signé l’introduction de l’album, qui a été réalisé en collaboration avec Scott Linford, ethnomusicologue.
Neuf musiciens ont été enregistrés dans des studios improvisés sur des places de village. Les artistes ont puisé leur inspiration dans les pratiques traditionnelles (lutte), ou dans les faits sociaux (conflits, violence). Cette compilation a vu la participation d’illustres joueurs de banjo, à l’instar de Rhiannon Giddens, de Bela Fleck ainsi que de célèbres praticiens d’écontine en Gambie.
Musiciens célèbres
La liste des joueurs d’ékonting célèbres en Afrique et à l’international est longue. Elle comporte, entre autres, des musiciens tels que :
- Jules Diatta : leader du groupe Sijam Bukan, connu pour ses interprétations dans le défilé des supporters et le cortège des lutteurs Jola ;
- Adama Sambou : compositeur et virtuose qui a contribué à faire connaître l’instrument en Europe grâce à ses tournées ;
- Jeandum Djibalen : premier musicien à en avoir joué dans des salles de concert ;
- Elisa Diedhiou : première femme à être joueuse d’ékonting professionnelle.
D’autres noms peuvent être cités, comme Moussa Diatta, Aliou Diatta, Ekona Diatta, Sana Ndiaye ou encore Abdoulaye Diallo. Ils contribuent à la diffusion et à la connaissance de ce luth folklorique à travers leur pratique.
Fonctionnement
En tant que cordophone, l’ekonting fonctionne de la même manière que les instruments de sa famille. La vibration des cordes produit les notes.
Facture de l’ekonting
Les adeptes de l’ékonting privilégient les modèles issus de la fabrication artisanale, faite à la main.
Le facteur taille la caisse de résonance dans une demi-calebasse évidée, dont le diamètre varie entre 20 et 50 cm. Il recouvre cette partie avec une peau de chèvre, et fixe celle-ci avec des clous de tapissier. Cette mise en œuvre permet d’obtenir la table d’harmonie de l’écontine.
L’artisan choisit ensuite une tige de bambou, de bois ou de papyrus, pour confectionner le manche. Le fabricant fixe les trois cordes en nylon, et veille à ce qu’une d’elles soit un bourdon.
Jeu de l’ekonting
La technique de jeu de l’ekonting est proche, voire similaire, à celle du banjo. Concrètement, les deux cordophones ont en commun la position de grattage appelée « marteau à griffes ». Cette pratique consiste à jouer avec un doigt sur une corde longue tandis que le pouce suit sur une plus courte.
La technique du down-picking est également courante. Elle se caractérise par la frappe réalisée avec l’ongle d’un doigt, pouvant être le majeur ou l’index. Le mouvement de frappe va vers le bas, sur les cordes individuelles, comme pour un jeu avec un plectre.
Notation musicale et accordage
L’ékonting est accordé en ré sol fa ou en do fa mi. L’accordage kanjaka apparaît comme le plus courant, avec l’écriture 5/1/-7, sur la notation dGF. Les Gambiens utilisent une autre variante où la première mélodie longue forme une septième note naturelle en augmentant la première d’un demi-ton. Cet accordage reprend notamment l’écriture cFE.
Les notes brèves soutenues caractérisent la musique de l’écontine. La lecture de la mélodie porte essentiellement sur le son régulier de la corde de drone. Néanmoins, il arrive que celle du milieu serve de drone. En outre, la notation est réalisée sur la plus longue.