L’origine et l’histoire du djembé
Le djembé trouve ses racines dans le territoire mandingue, également connu sous le nom d’ « empire du Mali ». Cet instrument, que les Soussous de Guinée baptisent boté, fait partie intégrante d’un ensemble polyrythmique, et se joue peu en solo. Il s’associe aux instruments, en particulier, le doundounba, le sangban, le kenkeni, plusieurs djembés d’accompagnement et un djembé soliste. Il est étroitement lié à la danse africaine où les phrases du soliste marquent les pas.
Dans les années 1950, l’artiste guinéen, Fodéba Keïta (1921-1969), contribue à la renommée mondiale de cet instrument traditionnel. Le ballet national de la république de Guinée, sous la présidence de Sékou Touré, a ensuite mis en valeur cette réputation.
Le véritable essor international a lieu dans les années 1980. En effet, des maîtres du djembé, ou djembefola en langue malinké, ont établi des centres d’apprentissage aux États-Unis, en Europe et au Japon.
Durant les années 2000, l’instrument transcende son contexte traditionnel pour s’intégrer à des musiques résolument contemporaines. Dès 2002, Noel « Toca » Rivera, percussionniste de la star américaine Jason Mraz, propulse sa version modernisée sur la scène pop-rock.
À partir de 2010, l’artiste française Christina Goh l’adopte comme accessoire rythmique principal. Elle l’associe à des instruments électriques, tels que la guitare et la basse à huit cordes, dans des compositions blues et afro rock.
La place du djembé dans la culture
Le djembé, cet instrument emblématique de la musique traditionnelle africaine, se présente comme un véritable gardien de son authenticité.
Son renom repose sur sa capacité à générer des cadences puissantes qui transportent les auditeurs vers les contrées lointaines de l’Afrique. Des tempos complexes et variés incitent à la danse et à l’immersion dans la pulsation enivrante de la musique africaine.
Grâce à des sonorités riches et vibrantes, l’instrument appuie les récits anciens. Il crée ainsi une atmosphère dans laquelle la culture africaine prend vie. De plus, le langage artistique et l’énergie rythmique se rencontrent.
Le djembé dépasse largement le statut de simple instrument de percussion. Il constitue aussi un moyen de communication et d’expression.
À l’origine, il était exclusivement réservé aux cérémonies importantes. Les rituels symboliques, ou les événements sociaux accompagnés de danses traditionnelles africaines, ont beaucoup marqué son utilisation. Il rappelait les composantes essentielles de l’univers : le bois dépeignait les végétaux, le fer incarnait le minéral et la peau évoquait l’organique.
Mamady Keïta est reconnu comme l’un des plus talentueux joueurs de djembé et un éminent représentant de la culture de son pays. Il a commencé son apprentissage à l’âge de sept ans, sous la tutelle de Karinkadjan Kondé. Il s’est distingué lors du festival national de la quinzaine artistique à Siguiri, en Haute-Guinée, à l’âge de 12 ans. Cette performance exceptionnelle l’a conduit à la capitale, Conakry, où il a été choisi, parmi cinq cents artistes, pour créer le Ballet national Djoliba.
En 1986, Mamady Keïta a pris la décision de quitter le Ballet national pour rejoindre le Ballet Kotéba de Souleymane Koly à Abidjan. Tout au long de sa carrière, il a enregistré dix albums. Il a également joué un rôle dans quatre films. Le documentaire « Djembefola », produit par Laurent Chevallier en 1991, et le film « Africa Dance » réalisé par Harry Belafonte en font partie.