Ce tambour indien connaît plusieurs appellations variables en fonction des régions : « damarukan », « dambru udukuduppai », budbudukalu » ou encore « budbudke ».
Place du damaru dans la culture
Le damaru occupe une place prépondérante dans les traditions bouddhistes et hindouistes. Il incarne la puissance en étant représenté avec des messagères célestes et des héros. Les maîtres religieux le tiennent habituellement dans leur main droite. D’autres symboles y sont associés, comme la coupe en crâne et le « rkang-gling », trompe conçue pour terrifier les esprits malveillants.
Dans le bouddhisme
Le « damru » (son autre appellation) apparaît dans les iconographies et dans les références au bouddhisme tantrique. Il est employé pour invoquer les dakinis qui guident vers l’éveil spirituel. En outre, cet objet de culte participe à la propagation des enseignements du Bouddha.
Dans la religion Bön
Pratiquée au Tibet et dans ses environs, la religion Bön accorde une importance capitale au damaru. Celui-ci apporte la protection, en plus de favoriser la guérison. Ces vertus sont attribuées grâce à l’association du tambourin au dieu du feu Gönpo Namkha.
Cet instrument à percussion revêt aussi un caractère sacré, d’où son usage dans différentes cérémonies, ainsi que dans les rituels de divination. Le son de ce tambour ouvrirait des passerelles mystiques, notamment en faisant entrer en transe pour communiquer avec les esprits. Ce membranophone est utilisé pour demander des conseils spirituels, parmi d’autres requêtes.
Dans l’hindouisme
Attribut des divinités, le damru figure souvent sur des représentations dans lesquelles il symbolise la sagesse, entre autres. Il est intrinsèque au dieu Shiva, particulièrement sous sa manifestation de danseur cosmique Nataraja. Ce dernier est représenté avec ce petit tambour dans sa main droite et une flamme dans sa main gauche. Cette configuration répond à une signification importante, car les deux éléments incarnent la destruction et la création. Le damaru renvoie à la création, dont la sonorité rythme la danse de Nataraja pour que l’univers reprenne forme.
Fonctionnement du damaru
Le damru s’utilise avec ou sans instruments d’accompagnement (clochette ou cymbale), selon le monastère dans lequel il est pratiqué. Au quotidien, il s’agit d’un petit tambour qui produit du son grâce aux frappes des boules fouettantes.
Comment c’est fait ?
Le damaru est conçu avec deux corps résonants séparés par des anneaux métalliques et des ficelles au centre. Cette ceinture lui donne sa forme de sablier. Les deux ouvertures sont recouvertes de membranes tendues et maintenues par des cordelettes. Les matières utilisées dans la fabrication des versions profanes sont souvent des peaux de chèvre. Les boules de percussion sont en bois ou en matière synthétique.
La facture des modèles sacrés et anciens répond à d’autres critères, plus sophistiqués et chargés de significations religieuses. À titre d’indication, les corps résonants sont des calottes crâniennes masculines et féminines, sélectionnées selon d’autres exigences particulières. Le cerclage du sablier est en argent, mais pas en métal quelconque. Les boules sont fabriquées à partir d’os d’oiseaux aquatiques.
Comment en jouer ?
Au-delà des jeux spécifiques aux rituels, le damaru se tient dans la main droite. L’instrumentiste saisit l’objet par la taille avec son pouce et son index. Il utilise ses doigts restants et sa paume pour maintenir la petite anse en tissu ou en cuir. L’exécutant secoue son poignet de gauche à droite pour agiter le tambourin. Ce mouvement déclenche le balancement des cordelettes et de leurs boules. Celles-ci percutent les peaux et ce phénomène produit un son sec et profond selon le cas. On parle de « tambour à clapet » pour désigner ce genre de membranophone. Par ailleurs, le geste peut être continu ou être ponctué de pauses rythmiques en écho aux syllabes des mantras. Les sonorités obtenues diffèrent en conséquence.