Parfois, une troisième chanterelle est ajoutée derrière la base. Cet instrument est également doté d’anches fabriquées soit en roseau, soit en plastique. Le roseau offre une qualité acoustique supérieure. Cependant, sa réactivité à l’humidité entraîne une moiteur dans la poche en peau. En revanche, le plastique est plus durable et résiste mieux à l’humidité, bien qu’il produise un son légèrement voilé.
Origines et histoire de la cornemuse du Centre
La cornemuse du Centre remonte vraisemblablement à l’antiquité, comme en témoigne Suétone, auteur et haut fonctionnaire romain, au Ier siècle après Jésus-Christ. En effet, il mentionnait que l’empereur Néron en jouait. Populaire parmi les bergers et les ménestrels, cet aérophone a évolué à travers l’histoire.
Les premiers modèles consistaient à des variantes gonflées à la bouche, équipées de deux bourdons et d’un chalumeau mélodique. Ce dernier était muni d’une anche double et d’une perce conique percée. Le petit bourdon se trouvait sur le boîtier, parallèlement au tube de l’harmonie, et le grand bourdon était mis sur l’épaule.
Différentes tailles de chalumeau et de bourdons existaient (14 et 23 pouces), mais les plus courantes étaient de 16 et de 20 pouces. La cornemuse du Centre était composée d’un sac en peau qui servait de réservoir d’air, auquel étaient fixés plusieurs tuyaux. L’air alimentait la poche, soit par la bouche et un porte-vent, soit par un soufflet actionné par le musicien. Le sac, placé sous le bras pour réguler la pression, tenait un rôle important dans le fonctionnement de l’instrument.
Au fil du Moyen Âge, les cornemuses du Centre étaient dotées d’un seul bourdon, puis ce nombre passa à deux ou trois, à la période de la Renaissance. Au XVIIe siècle, le compositeur français, Jacques-Martin Hotteterre les perfectionna et les transforma en chromatique, sous le nom de « musette de Cour ».
La cornemuse se retrouve aujourd’hui dans le monde entier. Il occupe une place importante en Europe, où chaque pays possède ses propres musettes spécifiques.
Place de la cornemuse du Centre dans la culture
La pratique de la cornemuse du Centre a connu un essor remarquable, surtout dans les Hauts de France. Elle date de 1970, depuis le regain d’intérêt pour les musiques traditionnelles. Initialement réservée aux amateurs, l’obtention d’une musette se présentait comme un défi en soi. Elle nécessite souvent de trouver un artisan disposé à créer l’instrument, avant de découvrir et d’apprendre son répertoire.
Quelques passionnés, techniciens et joueurs déterminés, entreprirent de concevoir et de perfectionner des modèles fiables. Ils furent spécialement dédiés à la pratique des musiques folkloriques en bal et en concert. L’antiquaire, Rémi Dubois, et Bernard Blanc, le fabricant de cornemuses, comptaient parmi ces pionniers. Ils se distinguèrent par leur dévouement à pousser les recherches au-delà des limites. Ils ont ainsi conçu des musettes stables et adaptées à toutes les situations, qui rendaient également possible une harmonieuse collaboration avec d’autres outils. Accompagnées par le violon, l’accordéon ou la vielle à roue, elles favorisent la formation de groupes musicaux polyvalents.
Par la suite, la pratique de la cornemuse du Centre a connu un développement significatif. Dans les années 1990 et 2000, son utilisation dans les chants traditionnels se précisait. La mise en place des cours dédiés dans les conservatoires et les écoles de musique municipales devient ainsi incontournable. Parallèlement, des ateliers de maintenance se sont établis, avec pour objectif d’assurer la pérennité et le bon fonctionnement de ces aérophones.
La romancière française George Sand avait mentionné cette cornemuse dans son roman Les Maîtres sonneurs. Voici comment elle la décrivait :
« Une musette si imposante, si volumineuse, si magnifique, que c’était vraiment une merveille. Elle possédait deux bourdons. Tout le bois, fait de cerisier noir, attirait le regard avec ses ornements en plomb brillant comme de l’argent pur. Le sac à vent était fabriqué dans une belle peau revêtue d’une taie en Indienne rayée bleu et blanc. »