Le cistre et les luthiers célèbres
Depuis les années 1970, des artisans, à l’exemple de Stefan Sobell, se sont lancés dans la création de cistres spécialement adaptés à la musique celtique. Ils ont conservé la forme traditionnelle de la caisse avec un fond plat et un diapason relativement court. En revanche, ils ont intégré des avancées techniques du bouzouki, notamment les barrages de caisse et les cordes en phosphore-bronze. Le résultat est un instrument offrant une projection puissante et un sustain exceptionnel.
En Corse, Christian Magdeleine et Ugo Casalonga ont conçu le cistre à huit chœurs doubles. En Irlande, en Écosse, en Bretagne et aux États-Unis, il a trouvé sa place en tant qu’instrument d’accompagnement dans la musique traditionnelle. Des luthiers, tels que Joe Foley en Irlande, David Freshwater en Écosse, Philippe Moneret, Jean-Claude Malherbe, et Marc Boluda en France, ont contribué à son développement. Aux États-Unis, Newberg a même créé des versions électriques, comme les e-zouks.
Fonctionnement du cistre
Le répertoire du cistre présente des similitudes avec celui du luth et de la guitare.
Comment c’est fait ?
L’instrument comporte dix cordes agencées en paires et fournit ainsi cinq notes à vide. L’accord standard, du grave à l’aigu, offre une grande polyvalence. Il excelle dans les rythmiques soutenues, appréciées des mélodistes, et produit des harmonies magnifiques. La puissance de son des cordes doublées permet une présence remarquable pour jouer des mélodies ou des contre-chants.
Comment en jouer ?
Les musiciens se servent généralement d’un médiator en bec de plume pour pincer les cordes du cistre. La plupart emploient des onglets en métal pour amplifier la résonance des deux cordes, bien que la technique de picking soit moins fréquente. Des artistes, à l’instar de Chris Thompson, optent parfois pour un bottleneck pour interpréter des morceaux de blues. Son jeu a contribué à sa popularité, notamment en Angleterre et dans les Flandres.
Notation musicale : comment la musique est-elle conservée ?
La préservation de la musique du cistre a évolué au fil du temps. Les amateurs s’adonnent activement à sa pratique, avec de nombreux recueils à leur disposition. Au XVe siècle, l’instrument passe du rôle d’accompagnement à celui de soliste, marquant une nouvelle autonomie. Cette transition donne lieu à l’émergence d’une notation spécifique, la tablature, qui reste en vigueur pendant trois siècles. Elle offre une approche « directe » en indiquant précisément où placer les doigts sur le manche de l’instrument. Elle se compose de cinq ou six lignes équidistantes. Chacune d’elles représente une corde, avec des figures, des lettres ou des chiffres qui indiquent les positions des doigts de la main gauche.