Dans les autres pays du monde
L’appellation cubaine du chekeré est « aggué » ou « abwe ». Il s’agit d’un instrument de grande taille avec une longueur d’environ 50 cm. La calebasse est ornée de perles aux multiples couleurs, traversées par un réseau de cordes. Cette percussion constitue une alternative plus souple aux maracas dont la fonction est similaire. Elle est surtout utilisée pour l’interprétation des musiques populaires afro-cubaines et sacrées. Au Brésil, un tel instrument est connu sous le nom de « xequerê ». Il ressemble également à l’afoxé, mais en plus volumineux.
Fabrication d’un chekeré
Pour fabriquer un chekeré de façon artisanale, la première étape consiste à bien choisir la courge pèlerine, suivant sa forme et sa taille. Les grands gabarits sont souvent associés à des sonorités plus riches et plus profondes. Toutefois, ils sont difficiles à sécher. Cette opération se fait dans un endroit chaud et sans humidité. La calebasse est à poser sur une surface surélevée et aérée en dessous (exemple : un grillage) pour que toutes ses parties puissent se déshydrater en même temps. Le délai préconisé est de 1 à 6 mois. Lorsque la courge est exempte d’eau, elle se colore en brun. De plus, elle durcit et devient plus légère.
La calebasse est coupée au niveau du cou, sans oublier d’en laisser une portion pour la prise en main. Tout ce qui se trouve à l’intérieur peut être extirpé à l’aide d’un bâton ou d’un cintre. Les parois doivent être aussi lisses que possible pour optimiser la résonance de l’instrument. La partie extérieure est à nettoyer et à homogénéiser si nécessaire. Elle peut ensuite être recouverte d’huile, de laque ou de fibre de verre pour ajouter de l’esthétique et une couche de protection.
La réalisation du filet se fait suivant différentes méthodes et des motifs de perlage variés, en fonction du rendu recherché. Dans tous les cas, les ficelles doivent être fines pour que l’enfilage des éléments percussifs soit facilité. Ces dernières doivent pendre et être attachées de manière lâche sur les cordes afin qu’elles puissent bouger et produire du son à chaque mouvement.
Techniques de jeu du chekeré
Il existe plusieurs façons de manipuler le chekeré pour induire des rythmes. Les mouvements à réaliser permettent d’engager l’auditeur et de créer une certaine émotion. Le côté communicatif de l’instrument ne doit pas être en reste.
Secousse
Elle consiste à prendre le shekere par les deux mains et à l’agiter suivant des mouvements circulaires ou horizontaux (d’avant en arrière). L’effet de percussion est ainsi continu. L’intensité de la secousse et sa vitesse influent sur le son produit lorsque les perles heurtent les parois de la calebasse. Cette méthode se démarque par son dynamisme.
Tapotement
La surface de l’instrument est tapotée avec les doigts ou à l’aide d’un petit bâton. Suivant la zone visée, les tonalités percussives sont différentes. Ces dernières varient également en fonction de l’intensité du coup. Cette technique est souvent combinée à la secousse.
Une autre déclinaison de ce mouvement est le slapping. Elle consiste à frapper la calebasse contre la cuisse ou la paume de la main. Il en résulte des rythmes aux notes aiguës.
Grattage
Les doigts sont passés le long du filet. Il est aussi possible d’utiliser des objets divers. Le son obtenu est rauque, et contraste avec le rendu acoustique des autres techniques. Pour enrichir l’expérience auditive, le grattage peut être fait de manière lente ou rapide.
Flipping
Le flipping consiste à faire tourner rapidement le chekeré entre les deux mains. L’interaction de l’air au niveau de l’ouverture de l’instrument provoque la variation de la tonalité et du volume des cliquetis produits par les perles.
Mise en sourdine
Une main est utilisée pour boucher l’ouverture de cette percussion, tandis que l’autre la secoue ou y donne des coups. Cette disposition agit sur la résonance de la calebasse.
Entretien du chekeré
Comme le chekeré est fabriqué à partir de calebasse séchée, il est nécessaire de l’entretenir régulièrement pour garantir sa durabilité. Le premier risque auquel l’instrument s’expose est l’humidité, qui favorise la formation de moisissures. Ces dernières se présentent sous forme de traces blanches. En cas de contact avec l’eau, le séchage est indispensable. Il se fait à l’air libre. Par la suite, la percussion est à ranger dans un endroit tempéré.
Le shekere est aussi sensible à la chaleur. Il ne doit pas être placé à côté d’un radiateur. L’air chaud qui se diffuse provoque un assèchement rapide. Par conséquent, la calebasse peut se fissurer.
Différents moyens pour apprendre du chekeré
Pour apprendre à jouer du chekeré, vous pouvez vous inscrire à un cours de percussions afro-cubaines en présentiel. Il peut être complété par une formation en chant, typique de cette culture. Ce parcours d’enseignement est basé sur la maîtrise des techniques de manipulation des instruments et sur l’écoute. Le but est de développer le sens du rythme et l’oreille musicale.
Il existe des sites internet qui vous permettent de suivre des cours de shekere. Vous y trouverez différents contenus qui facilitent votre initiation. L’accès à ces plateformes peut être gratuit ou payant. Les chaînes vidéo sur YouTube constituent d’autres ressources exploitables pour accroître vos connaissances sur le jeu de cet idiophone.