La tête

La tête est la partie de l’instrument où sont placées les chevilles. Son design varie selon les préférences et l’inspiration du luthier. Il est possible de trouver des modèles avec une finition lisse, sculptée, peinte, incrustée avec des éléments de décoration, etc.

La table d’harmonie

En général, la table d’harmonie est en bois de sapin ou de pin d’Oregon. Elle est en forme de « huit », et est souvent dotée d’une rosace ronde. L’ornement varie d’un modèle à un autre. Certains charangos sont agrémentés de dessins de papillons ou d’étoiles. Les couleurs des motifs sont sobres ou vives, selon la créativité du fabricant. La table d’harmonie a généralement une longueur de 24 cm et une largeur de 16 ou 17 cm.

Les chevilles

Les chevilles sont des pièces en bois ou en métal qui maintiennent les cordes. En général, le second matériau est privilégié grâce à sa résistance. 

Le manche

Le manche est l’un des éléments les plus importants qui constituent le charango. Généralement, il est fabriqué en bois dur pour assurer la résistance et la praticité de l’instrument.

Le chevalet

Cet élément est également en bois résistant. Il sert à transférer les vibrations et à produire le son de l’instrument.

La caisse de résonance 

La caisse de résonance (ou corps) est courbée, à l’instar de celle du luth. À l’origine, elle était conçue avec de la carapace de tatou. Aujourd’hui, cette partie est souvent en bois. Ce dernier est travaillé de manière à obtenir la forme arrondie. Le luthier procède souvent à un polissage et à l’application d’un produit spécifique pour que la surface soit lisse et brillante. 

La touche

La touche ou diapason est généralement en bois de jacaranda ou d’ébène.

La taille du charango

En général, cet instrument se décline en trois tailles différentes :

• le waylacho ou kalampiador : la distance entre le chevalet et le sillet est de 23 cm ; 
• le charango médium : une distance de 35 cm sépare le chevalet et le sillet ;
• le ronroco : le plus long, avec une distance d’environ 45 cm entre le chevalet et le sillet. 

Ce dernier est considéré comme une version baryton ou ténor de l’instrument à cause de son timbre plus rauque. En général, il est accordé une quarte (pour l’Argentine) ou une quinte (pour la Bolivie) en dessous.De nombreuses autres variantes de charangos existent au Pérou et en Bolivie. Il s’agit, entre autres, du ranka à huit cordes, de l’anzaldeña et du qonqota.

Place du charango dans la culture

Auparavant, les charangos étaient joués en toutes circonstances. En effet, ils accompagnaient les peuples des Andes dans leur vie quotidienne : lors de réunions familiales ou amicales, pour se détendre le soir, dans les fêtes et diverses célébrations…

Par ailleurs, cet instrument avait une place particulière dans la vie des Métis de Bolivie. En effet, ils ne s’en séparaient jamais, le cordophone étant considéré comme un compagnon de route. Ils en jouaient durant les moments de joie (naissances, anniversaires…) et dans les épreuves difficiles (enterrement…). Ils les emmenaient ainsi partout, d’autant plus que la taille du charango le rendait facile à transporter. 

Aujourd’hui, ce cordophone est essentiellement utilisé dans la musique folklorique des Andes. En Bolivie, par exemple, le rythme huayño est l’un des plus appréciés. 

Jaime Torres est l’un des charanguistes ayant fait connaître ce cordophone partout dans le monde. Ce musicien argentin a sorti plusieurs albums mettant en valeur cet instrument des Andes, notamment le « Virtuosismo en charango » sorti en 1964 et l’« Aplausos para un charango » de 1967.

En 2009, Los Koyas et Jaime Torres ont sorti un album intitulé « Voyage au cœur de l’Amérique latine ». Ce dernier met bien en évidence divers instruments emblématiques, dont les charangos.

Fonctionnement du charango

Le fonctionnement du charango est basé sur le choix des différentes pièces qui le composent. Les sons produits sont définis par la position des doigts sur le manche. 

Comment est-il fabriqué ?

La conception de ce petit instrument présente des similarités avec celle de la guitare. 

Le charango en tatou

Dans sa version originelle, la caisse de résonance est constituée d’une carapace de tatou. Le luthier commence par poser une carapace qu’il a mouillée dans un moule en bois. Ce processus permet de la ramollir afin de la travailler plus facilement. Ensuite, il lui donne une forme bien arrondie, avant de la ligaturer et de la mettre dans un autre dispositif pour lui conférer une forme de « huit ». L’étape suivante consiste à la faire sécher et à procéder à la pose de la table d’harmonie. Le fabricant utilise des petites pièces de bois pour renforcer la fixation. Enfin, il colle la tête séchée du tatou sous le manche. Pour décorer son œuvre, le luthier ajoute deux morceaux de verre bleu pour reproduire les yeux de l’animal.

Comment en jouer ?

Le charango est utilisé en solo ou en accompagnement. Les cordes sont arpégées ou pincées, selon le style musical et les sonorités souhaitées. En général, cet instrument est polyvalent, permettant de jouer différentes mélodies, douces ou rythmées. 

L’accompagnement en arpège est réalisé par le charanguiste avec l’index. Il dispose son poignet en tension continue afin de toucher les cordes plus facilement, selon le rythme exécuté. Le musicien a le choix entre utiliser un médiator ou les frapper avec les doigts. 

Réglage et entretien du charango

Le réglage et l’entretien du charango sont essentiels pour préserver la qualité sonore et l’aspect esthétique de l’instrument.

L’accordage

L’accordage universel est mi – la – mi – do – sol, en partant de la corde inférieure vers le haut. Néanmoins, des nuances existent, selon la taille du dispositif. Ainsi, le kalampiador et le ronroco sont réglés en ré – sol – si – mi – si. 

L’entretien

Il est recommandé de le mettre dans un étui dur pour le préserver des chocs. Cet équipement permet également de le transporter plus facilement. Hormis les déplacements, il est conseillé de toujours l’y ranger après chaque utilisation. En effet, de cette manière, il sera à l’abri des poussières, des salissures, du soleil et de l’humidité.

Après chaque séance de jeu, il est recommandé d’essuyer les cordes avec un chiffon doux. En effet, la transpiration laissée par les doigts du charanguiste altère les fils, notamment s’ils sont en acier.

Apprentissage du charango

Plusieurs options s’offrent aux personnes qui souhaitent apprendre à jouer du charango. Certains musiciens peuvent apprendre en autodidacte, notamment s’ils maîtrisent d’autres instruments à cordes comme la guitare et le banjo. Dans ce cas, les tutoriels trouvés sur Internet sont parfaits pour connaître les différentes techniques de jeu. 

Les cours octroyés par un professeur sont un moyen sûr pour apprendre dans de meilleures conditions. Pour ce faire, il est possible de s’inscrire auprès d’une école de musique ou d’un conservatoire. Les professionnels sont également nombreux à proposer un accompagnement à domicile. La progression est souvent remarquable, car ils suivent les élèves personnellement. Cette méthode permet de travailler efficacement les difficultés de chacun.

Dans tous les cas, la persévérance et la patience sont indispensables. Il est nécessaire de s’exercer au quotidien, pendant au moins 20 min.