Aspect de l’instrument
Le cordophone traditionnel corse est caractérisé par une caisse profonde en forme de poire et une table d’harmonie plate. Sa taille est plus imposante que celle d’une mandoline, tandis que sa morphologie est plus ronde que celle d’une guitare. Ses lignes sont harmonieuses, un élément que les facteurs réalisent avec un souci majeur du détail. Cet instrument de musique est constitué d’un manche large et de mécanismes discrets. Traditionnellement, il présente des courbes caractéristiques au bas de la touche. Les anciens modèles sont dotés de pignons, rapidement remplacés par des mécaniques modernes, adoptées pour leur précision.
Matériaux de fabrication
Les matériaux de fabrication de la cetera varient selon les préférences du facteur. La caisse est réalisée en bois dur, comme l’érable, le poirier ou un autre arbre fruitier. Les parties telles que le manche, le fond et les éclisses sont fabriquées en noyer, en frêne ou autres bois. Ce choix se justifie par la stabilité dont ils font preuve. De ce fait, ni le manche ni le corps ne risque de se tordre. Cet élément doit également montrer une grande résistance à la traction des cordes, d’où la prédilection pour les bois durs, aux couleurs chaudes ou foncées. Les touches sont en sorbier, en palissandre ou en ébène, appréciés pour leur capacité à ne pas s’écailler au retrait des frettes, par exemple. Par ailleurs, les chevilles sont en buis. Quant à la table, elle est généralement réalisée en épicéa ou en érable chenillé. Cette partie de l’instrument influe largement sur la sonorité des cordes. Celles en bronze sont plébiscitées pour des frettes en laiton, mais également pour leur qualité sonore. Enfin, la cetara est rarement vernissée, les fabricants préfèrent utiliser de l’huile de noix.
Origines, histoire et place de la cetera dans la culture
Introduite en Corse au XVIIe siècle, la cetera devient rapidement emblématique des événements dans les villages et les campagnes. L’amplitude de sa forme et le nombre de cordes en fait un instrument pratique. Il est joué lors des fêtes patronales et des cérémonies religieuses telles que les communions, les mariages ou les baptêmes. Ses sonorités résonnent également lors de la Casa musicale. Sa popularité dure trois siècles, avant d’être détrônée par la mandoline et la guitare. Ces dernières rencontrent de plus en plus de succès à partir du XXe siècle, reléguant la cetara à l’arrière-plan. Par la même occasion, son accordage a également fini par se perdre. Ces deux instruments dominent la musique corse à partir des années trente. Le manque d’écrits a davantage compliqué la conservation de la cetera.
Dans les années soixante-dix, ce cordophone suscite à nouveau l’intérêt, notamment à partir du mouvement Riacquistu et de la réappropriation culturelle. Des recherches ont abouti à la découverte d’une douzaine d’exemplaires, de tablatures, de manuscrits et d’actes notariés. Le plus ancien des modèles retrouvés date de 1662. Peu à peu, son usage reprend, et sa fabrication est relancée, grâce à Michel Buresi et à Christian Magdeleine, entre autres. En reprenant la facture de la cetara, l’atelier d’Ugo Casalonga a fabriqué plus de 150 exemplaires, issus du savoir-faire ancestral.
Fonctionnement de la cetera
La fabrication de la cetera, reprise vers la fin des années soixante-dix, se poursuit aujourd’hui. Actuellement, les ateliers les plus connus en Corse sont situés à Bastia et à Pigna. Sa technique de jeu n’a guère changé, et la redécouverte des tablatures permet d’interpréter des chansons avec ce cordophone acoustique.