Cet instrument est constitué :
- d’une caisse de résonance en forme de poire, sculptée dans un morceau de bois de mûrier ou taillée dans un bloc en bois lamellé collé ;
- de cordes ;
- d’une table d’harmonie en fine planche de pin ou d’épicéa ;
- d’un manche long et mince, équipé de 16 à 22 frettes amovibles pour les modèles originaux (sachant que celles des variantes modernes sont fixes) ;
- d’une ouïe avec une rosace située soit sur la face supérieure, soit à la base ;
- de quatre chevilles.
De fines planches se trouvent dans le dos de cet instrument à cordes afin de lui donner sa forme spécifique. Il est à noter que les bois en lutherie, souples et légers, sont surtout utilisés pour confectionner la table d’harmonie. Traditionnellement, les fabricants optent pour le bois de pin ou d’épicéa. Le premier propose une sonorité brillante et précise, tandis que le second, un timbre chaud et doux. Cet instrument est doté de cordes, au nombre de deux ou quatre. Toutefois, ce chiffre peut varier en fonction du modèle choisi. Les versions actuelles présentent trois à sept cordes.
L’histoire et l’origine du boulgari
Un grand nombre de personnes confondent le boulgari avec le saz, un cordophone doté de six ou huit aiguillons,issu d’autres instruments d’Asie Centrale. Toutefois, il n’a rien à voir avec le « bugarija » bulgare, un genre de luth à l’apparence similaire qui se nomme également tamboura, en raison de l’isolement des Bulgares durant plus de mille ans.
Ce cordophone porte plusieurs noms en fonction de son pays d’origine.
En Crète et en Grèce
En Crète, le boulgari possédait trois doubles cordes et six chevilles avec une ouïe installée sur le côté droit de l’instrument. La corde qui faisait office de bourdon appelée « bourgana », « vourgara » ou « bourgara » aurait donné son nom au bulgari. Selon les historiens, il serait apparu au XXe siècle, au sein des populations musulmanes et chrétiennes. L’idée parfois émise selon laquelle il aurait été introduit en Grèce et en Crète par les réfugiés fuyant l’Anatolie dans les années 1920 n’a pas pu être vérifiée. Bien qu’il y soit encore utilisé aujourd’hui, il est remplacé progressivement par le laouto, un instrument de musique balkanique apparu au XVIe siècle. Le luthier crétois Manolis Malliotis le désignait sous les appellations de bağlama ou de boulgari au XXe siècle.
En Grèce, le modèle crétois était classé dans la famille des « tambouras », puis est changé en « pandouras » au contact des Perses. Le nom regroupe plusieurs instruments à cordes datant du Moyen Âge et de l’Antiquité. Pendant l’entre-deux-guerres (de 1920 à 1940), il a gagné en notoriété grâce à Stelios Fustalierakis. En outre, dans ce pays, il existe sous différentes orthographes.
En Bulgarie
En Bulgarie, de nombreux récits avancent que le boulgari est un instrument unique fabriqué par les peuples proto-bulgares de la région de la Volga, d’où il tire son nom. Ces derniers étaient en relation avec les Turcs. En 1807, Guillaume André Villoteau, un musicien et musicographe français, a fait part d’un instrument à deux cordes utilisé au Caire. Connu sous le nom de « tanbour boulghari » ou « guitare de Bulgarie », il fait partie de la famille du tambûr (sharki, bağlama et bozuk). Les instruments appartenant à cette catégorie ont ensuite cédé leur place au buzuq.
En Égypte
Dans la « Description de l’Égypte, ou Recueil des observations et des recherches faites en Égypte durant l’expédition de l’Armée française », des savants français le classent dans la famille des « tanbours » ou « tambouras ». Ils le nomment « tanbour bulghary » et le décrivent comme étant un instrument à quatre cordes de petite taille mesurant 57,8 cm de long.
En Turquie
La famille des luths à manche long est désignée par le terme « saz » en Turquie, qui est également d’origine kurde et persane. Elle est étroitement associée aux familles de « tanbours » et de « tambouras ». Les modèles grecs ont pu résister au processus de modernisation introduit par le bouzouki moderne. Ils sont restés au stade des trois doubles cordes au maximum, tandis que la majorité des saz en ont sept. Au niveau de l’ouïe, celle-ci se trouve sur les côtés de la table d’harmonie et non à la base comme sur les saz.