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Boha

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Caractéristiques du boha

  • Classification : instrument à vent (aérophone)
  • Pays d’origine : France
  • Matériaux : peau, polytétrafluoroéthylène (membrane imperméable à l’eau), bois
  • Tessiture : une octave
  • Genre de musique : traditionnel, folklorique
  • Musiciens célèbres : Félix Arnaudin (1844 – 1922), Jeanty Banquet (1870 – 1957)
  • Chanson emblématique : « Boha e Guitarra » – Nadau (1994)

Tout savoir sur la boha : caractéristiques, histoire, place dans la culture, différents types, fonctionnement, entretien et méthodes d’apprentissage

La boha (prononcée « bouhe ») est connue comme étant la cornemuse des Landes. Il s’agit d’un modèle à anche simple. Son nom est dérivé du verbe « bohar » qui signifie « souffler ». Elle est principalement utilisée dans la musique gasconne. Dans sa localité d’origine, elle possède une haute valeur culturelle qui a permis son développement jusqu’à nos jours.

Caractéristiques de la boha

La boha possède des noms différents suivant les dialectes employés. L’une des appellations les plus courantes est « boha-au-sac ». Les autres désignations sont : bohica, bonlonra, chalemina, chabreta et tsabreta

D’un point de vue organologique, cette cornemuse landaise se divise en quatre parties.

  • La poche constitue le réservoir d’air. Elle est généralement en peau de chèvre ou d’agneau, mais peut aussi être en matière synthétique. 
  • Le porte-vent, ou bohet, empêche le retour de l’air grâce à une valve en cuir ou un système similaire.
  • Le pihet (ou pilhet) est une pièce en bois de forme parallélépipédique. Il contient un tuyau semi-mélodique (TSM) comportant plusieurs trous sur une face et d’un seul orifice sur l’autre, bouché par le pouce. Le second tube, à une perce également, est destiné au bourdon, c’est-à-dire à l’accompagnement.
  • Le brunidèr est l’extension du tuyau du bourdon. Il est amovible et permet de modifier la note de ce dernier.
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La boha est équipée d’anches en plexiglas et de lamelles en fibre de carbone dans la partie supérieure des tuyaux du pihet. Cet ensemble procure aux notes une meilleure stabilité. 

Différentes matières nobles sont utilisées pour la fabrication de la cornemuse des Landes. L’ébène, ou des bois rares, le laiton et l’étain en sont des exemples typiques. L’instrument obtenu peut ensuite être personnalisé grâce à des décors uniques.

Histoire de la boha

La représentation à l’intérieur de l’église d’Arx en Gabardan, dans le département des Landes, a permis de retracer l’origine de la boha. Elle existait depuis le XVIe siècle.

À partir du XXe siècle

Cette période marque le déclin de la cornemuse landaise. Pour tenter de la revaloriser, des groupes folkloriques ont été créés. De même, des concours ont été organisés. Malheureusement, les joueurs d’époque n’ont pas eu de successeurs. D’autres actions ont été menées, mais elles furent infructueuses.

Vers 1970, la sauvegarde des traditions dans les Landes a pu se faire grâce à des structures publiques. Les passionnés de la culture gasconne ont également décidé de diffuser leurs recherches, profitant de l’intérêt grandissant de la population pour les us et coutumes locaux. Dans cette même lancée, de nouvelles bohas ont été fabriquées. Elles ont été inspirées des modèles anciens, rénovés pour pouvoir s’adapter aux contextes de jeu actuel. Les changements apportés concernent notamment l’ajout de trous.

L’association Bohaires de Gasconha a vu le jour en 1993 dans les Landes de Gascogne pour que la pratique de la cornemuse gasconne puisse se développer. En plus de promouvoir cet aérophone, elle a pour vocation de faire perdurer la culture qui lui est rattachée. 

Situation actuelle 

La boha-au-sac est surtout utilisée dans la région sud-ouest de la France. Toutefois, elle est connue à travers tout le pays et dans d’autres localités. Les bohaires d’aujourd’hui continuent à reprendre le répertoire traditionnel, tandis que les nouveaux musiciens exploitent des compositions récentes. Avec les luthiers, leur principal objectif consiste à accroître les performances de l’instrument en réinventant sa facture. Les améliorations visent l’ajout de bourdons de poche à plusieurs tonalités, ainsi que la mise en place de trous mélodiques et de plusieurs réglages supplémentaires.

Bien que des modèles modernes de cornemuse gasconne soient fabriqués, les reproductions fidèles des anciennes versions sont appréciées du public. Certaines d’entre elles sont même utilisées lors des enregistrements et des spectacles.

Selon les chiffres recueillis en 2023, plus de 250 bohaires (joueurs de boha) ont été recensés. De plus, 19 cornemuses landaises traditionnelles ont été retrouvées par le Conservatoire occitan des musiques et danses traditionnelles (COMDT) et par Alain Cadeilhan (musicien et facteur). Bien qu’ils présentent une conception différente, leurs caractéristiques organologiques restent les mêmes.

Boha dans la culture

L’utilisation de la boha est courante durant les danses traditionnelles avec ou sans chant. Grâce à l’intervention de Félix Arnaudin, un folkloriste dévoué, des contes et des mélodies landais populaires ont pu être collectionnés. Il a parcouru ce département pour photographier les scènes de la vie rurale à cette époque.

Les écrits concernant cet instrument se font de plus en plus nombreux à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Toutefois, les informations qui y sont citées n’apportent pas plus de nouveaux éléments.

Différents types de boha

Avec la facture artisanale, les modèles de bohas se déclinent dans des apparences variées. Toutefois, il est possible de les classer en catégories suivant leurs caractéristiques générales.

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Bohas à cinq trous

Elles sont calquées des versions anciennes de l’aérophone exposées dans les musées. Elles se démarquent surtout par la présence d’anches en roseau monobloc. Leur tessiture était initialement aiguë. Cependant, le choix d’un instrument en sol ou en la semblait plus pratique pour que celui-ci puisse répondre aux exigences des jeux en groupe.

Bohas à six trous

Différents réglages étaient nécessaires pour obtenir une tonique aiguë à partir d’une cornemuse landaise à cinq perces. Pour plus de commodité, la version à six ouvertures a été créée. Elle est devenue prédominante à partir de 2016. Son tube mélodique combine différentes formes de trous. Ces dernières peuvent être ovales ou cylindriques. Dans le second cas, leur diamètre est variable.

Bohas « Katchoun »

« Katchoun » est le surnom d’Alain Cadeilhan, le facteur de cette catégorie de bohas, d’où son appellation. Sa fabrication vise à satisfaire les demandes des bohaires confirmés et d’autres musiciens suivant leur genre musical dominant. Pour ce faire, la forme du tube mélodique a été réinventée. Le brunidèr a également subi des transformations afin d’en simplifier les mises au point. Les anches sont confectionnées avec des matériaux composites assemblés. De plus, des trous ont été ajoutés. Un bourdon de poche réglable est même disponible. Il sonne une octave en dessous de la note tonique.

Bohas « Replica »

Après les innovations connues avec les bohas « Katchoun », il a fallu se demander si ces modèles de nouveau genre ne s’éloignaient pas de l’image de l’instrument originel. De ce fait, la version de cornemuse landaise d’antan fut reprise pour honorer les traditions de la région. Les « Replica » ont ainsi vu le jour. Il s’agit de conceptions plus élaborées, sans dévier des caractéristiques des factures anciennes.

Fonctionnement de la boha

La boha est, à l’origine, associée à une tonalité aiguë, mais les instruments modernes sont accordés en sol, en la et en si bémol. De plus, les modèles d’anches actuels procurent un son nouveau. En ce qui concerne le bourdon, il émet une note différente suivant que le trou correspondant soit ouvert ou fermé. Dans le premier cas, il sonne en sol (pour un pihet dans cette tonalité). Il joue en lorsque l’orifice est bouché et quand le brunidèr est mis en place. Ces variations permettent d’obtenir des rythmes et des harmonies sur des mélodies spéciales pour les danses, par exemple. En revanche, en l’absence du brunidèr, la note produite est le mi. Cette initiative est recommandée pour interpréter des chansons en mode mineur. En effet, avec un pilhet en sol, vous aboutissez à un la mineur. Ce système de bourdon variable est ainsi la particularité de la boha modernisée.

Quant aux doigtés, ils dépendent surtout du nombre de trous disponibles sur le tube mélodique. La version actuelle, pour une cornemuse landaise à cinq perces, suggère que tous les doigts soient utilisés à l’exception de l’annulaire de la main droite. Sur un modèle à six ouvertures, l’auriculaire de cette même main reste en retrait. Celui de gauche assure une double fonction. Il sert à boucher le dernier trou sur le tuyau mélodique et celui relatif au bourdon.

Entretien de la boha

L’entretien de la boha varie en fonction des différents matériaux de conception : bois, peau d’animal ou membrane synthétique. D’autres vérifications sont tout de même à réaliser pour s’assurer que l’instrument est en bon état.

Entretenir le bois

Le bois réagit sous l’effet de la chaleur, du froid et de l’humidité. Il peut gonfler ou se fissurer par endroit. Ces déformations induisent un changement dans la sonorité de l’aérophone. En effet, les notes ne seront plus les mêmes. En cas de fissures, les anches ne vibrent plus normalement. Il est alors difficile, voire impossible de jouer.

D’une manière générale, l’utilisation d’huile est préconisée pour traiter le bois. Les plus courantes sont celles d’amande douce et de pied de bœuf. Elles servent à nettoyer l’intérieur des tuyaux mélodiques. Leur application se fait également sur la surface externe après l’élimination des salissures. Durant l’opération, il faut veiller à ne pas imbiber les ligatures (ou filasses). Ces dernières peuvent être retirées si nécessaire.

Une fois le bois enduit d’huile, il est à sécher à l’air libre. L’idéal est de réaliser l’entretien de la boha durant les périodes chaudes de l’année. Néanmoins, l’exposition directe au soleil est fortement déconseillée. Pour vérifier si le matériau est complètement sec, les doigts ne doivent présenter aucune trace d’huile après les avoir passés sur la surface en bois.

Traitement de la poche

Le réservoir d’air des cornemuses landaises peut être conçu en peau non cousue, en cuir de sellerie ou en matières synthétiques comme le polytétrafluoroéthylène (PTFE). Dans ce dernier cas, l’entretien est facilité par la présence éventuelle d’une fermeture et même d’un filtre à condensation.

Il faut savoir que la pression et le volume d’air envoyés aux anches doivent être à un niveau optimal pour garantir le confort de jeu et la qualité du son. La moindre brèche peut fatiguer le bohaire et induire des grincements.

Pour repérer les fuites, il suffit de gonfler la poche, puis de la laisser au repos sur la table. Si elle est en bon état, elle conservera sa forme initiale bien que sa consistance soit un peu plus molle. Dans le cas où elle se vide après moins de cinq minutes, cela signifie qu’elle présente un problème d’étanchéité. Il peut provenir des coutures (pour les réservoirs en cuir de sellerie) ou d’une déchirure sur la surface. La détection des filets d’air se fait en passant la poche près de la bouche ou du visage. Pour les réparer, l’intervention d’un luthier est à privilégier. La fuite peut également émaner de la valve antiretour sur le bohet. Si tel est le cas, elle doit être remplacée.

Pour garantir l’étanchéité de la poche, l’état des filasses est à vérifier. Elles ont pour fonction de fixer les différentes parties de l’instrument entre elles. Un nettoyage est préconisé à un intervalle régulier pour éviter l’incrustation des saletés et la formation de moisissures. Par ailleurs, la ligature peut être renforcée en enroulant du fil de façon serrée au niveau des jointures après avoir joué. La pose à sec peut engendrer un éclatement du bois.

Prévention contre les bactéries

Avec l’accumulation de l’humidité dans la poche de la boha, il arrive que des bactéries prolifèrent à l’intérieur de l’instrument. Pour prévenir le développement de ces microorganismes pathogènes et pour réduire les risques d’infection pulmonaire, des mesures adéquates doivent être prises. Les poches synthétiques peuvent être nettoyées. Cependant, celles en peau d’animaux craignent l’eau. Dans ce cas, l’application d’une pièce de cuivre, à l’intérieur du réservoir ou sur le filtre à condensation, est indiquée. Ce métal inhibe la croissance des bactéries. Il est aussi conseillé de changer la poche après une utilisation prolongée.

Différents moyens pour apprendre à jouer de la boha

Avant d’apprendre à jouer de la boha, la première étape est de disposer de son propre instrument. Vous trouverez différents modèles de bonne facture sur France Minéraux. Sélectionnez ensuite la technique d’apprentissage qui vous convient le mieux. Dans le cas où vous préférez suivre un parcours accompagné par un professionnel, notez que la cornemuse gasconne est enseignée dans des conservatoires. Il existe aussi des ateliers réguliers, comme ceux offerts par l’association Bohaires de Gasconha, et des sessions ponctuelles.

La formation en autodidacte est possible grâce à des ressources variées, telles que les tutoriels vidéo publiés sur YouTube. Des partitions sont également disponibles pour renforcer la pratique de l’instrument :

  • « Méthode d’apprentissage et partitions pour boha, cornemuse landaise », en format PDF et en version audiovisuelle ;
  • « Carnet de bal en Gascogne ».

Le dernier livre est un recueil de partitions. Il est complété par un CD répertoriant différentes mélodies jouées à l’aide de cet aérophone. Des extraits de ces contenus sont consultables gratuitement en ligne.

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