Origine et histoire du beatboxing
L’art de l’imitation vocale des percussions remonte à des époques anciennes, avec des traditions émanant de différentes cultures à travers le monde.
Les techniques ancestrales
En Inde, il existe une tradition vieille de 600 ans appelée la « tradition des bols », qui consiste en une imitation vocale des rythmes et des battements. Cette pratique a donné naissance au konnakol. Il s’agit d’une forme de percussion vocale qui sert aussi de méthode mnémotechnique. De nos jours, des interprètes renommés de genres musicaux variés, dont le jazz fusion et la world music, s’en inspirent dans leur création. Parmi eux figurent des artistes tels que John McLaughlin, Daniel Goyone, Trilok Gurtu et Zakir Hussain.
Le Kouji chinois, dont la signification littérale est « habileté buccale », représente une autre tradition ancienne similaire au beatboxing. Ce type de performance exploite les divers organes de la parole humaine pour reproduire des sons de la vie quotidienne.
Aux États-Unis, parmi les traditions rurales, le eefing a émergé au XIXᵉ siècle dans les régions des Appalaches. Précurseure du HBB, cette forme artistique est née un siècle plus tôt dans les zones rurales du Tennessee. Son influence s’est fait ressentir sur des musiciens notables tels que Buddy Holly et Carl Perkins dans les années 1950. De même, elle a été une source d’inspiration pour des artistes emblématiques de la Soul music. Ce fut par exemple le cas pour Diana Ross dans les années 1960, et par la suite, pour Michael Jackson dans les années 1970.
Certaines traditions musicales africaines impliquent l’utilisation du corps des artistes dans le but de produire une variété de sons. Cela inclut des bruits produits par les inspirations et les expirations, qui sont souvent intégrés dans le 5e art de rue moderne.
Au XXe siècle
Le beatboxing a commencé à apparaître au XXe siècle, principalement dans le jazz. Il était initialement présent dans le style vocal appelé « scat », où les gens utilisaient des sons pour chanter sans paroles. Les Mills Brothers, quatuor vocal américain, ont notamment été connus pour imiter des instruments comme le tuba ou la trompette dans leurs chansons.
Dans les années 1950, Don Elliott, musicien américain, a été remarqué grâce à ses performances vocales qui sonnaient comme des percussions. Il a contribué à des musiques de films comme « Dans la chaleur de la nuit ».
Michael Jackson a aussi joué un rôle important en utilisant le beatboxing dans sa musique. Il était capable de créer des rythmes complexes, tout en chantant d’autres parties de chanson. Ses démonstrations étaient souvent utilisées dans des titres comme « Stranger in Moscow ».
En fin de compte, c’est avec l’avènement du hip-hop que le 5e art de la rue est devenu populaire, notamment en utilisant les influences du jazz.
Le hip hop
Le hip-hop a fait son apparition dans le Bronx au début des années 1970. Il est devenu un mouvement artistique et culturel majeur, ayant influencé la musique, la danse et la mode.
Quelques années après, le beatboxing a émergé dans les rues du Bronx et de Harlem. La grande importance du rythme dans le rap a motivé les premiers beatboxers. Le hip-hop était constitué principalement de breakdance et de passages musicaux très rythmés où la batterie était souvent mise en avant.
Avec l’expansion du MCing (mouvement culturel et musical qui tire ses origines du hip-hop) sur la côte Est des États-Unis, l’imitation des boîtes à rythmes est devenue le beatboxing. Ce nouveau style musical a donné naissance à une technique spécifique d’imitation des sons de la grosse caisse et de la caisse claire avec les lèvres. Cela a ainsi marqué les débuts du 5e art de rue moderne.
Le HBB a rapidement trouvé une utilité pour les MC (Maître de cérémonie) qui pouvaient désormais poser leurs paroles n’importe où et n’importe quand. Ils n’avaient même plus besoin de posséder de vraies boîtes à rythmes.