Les registres

Ses registres se divisent comme ceux de la clarinette classique, dont :

• le chalumeau, qui offre des sonorités graves, riches et fluides ;
• et le clairon, caractérisé par un son particulièrement mélodieux.

La gamme supérieure, quant à elle, comprend des notes aiguës, délicates et aux tonalités flûtées.

Caractéristiques distinctives

Une différence notable réside dans la présence courante d’une clé de mi bémol grave (équivalent de ré en ut) sur la plupart des modèles. Cette particularité permet de transposer la note la plus basse en la. Certaines bass clarinet (versions à l’ut grave) possèdent des tubes prolongés et intègrent des clés additionnelles pour descendre jusqu’au do grave (identique au si bémol en ut, semblable au si bémol du basson). Ces notes sont actionnées par le pouce de la main droite et les auriculaires.

Systèmes de clés et transposition

Les systèmes de clés supplémentaires pour atteindre l’ut grave varient. Certains utilisent 2 ou 3 clés au pouce droit (avec ou sans rouleau). D’autres, en revanche, dirigent une note (typiquement ré grave) vers une clé d’auriculaire à gauche ou à droite.

La bass clarinet est un instrument transpositeur, produisant un son décalé d’une 9ᵉ majeure par rapport à son doigté correspondant. Selon les variantes, elle est équipée d’un ou de deux trous de registre.

Différents modèles de bass clarinet

Certaines versions d’étude disposent généralement d’un seul trou de registre, ce qui peut altérer l’homogénéité de la gamme de son du clairon. Cependant, des modèles professionnels, n’ayant qu’un trou de tonalité, sont reconnus pour leur excellente réponse. D’anciens instruments de ce type présentent deux clés actionnables par le pouce gauche : une pour le ré dièse médium du clairon et en dessous, l’autre pour le mi médium du clairon et au-dessus. Les versions modernes intègrent une double clé de registre automatique. Cette particularité facilite le jeu technique, l’émission et la justesse, avec une seule clé manipulée par le pouce gauche.

En 1805

En 1805, J. Dumas de Sommières, ancien chef de l’orfèvrerie de l’empereur, invente un modèle en si bémol à 13 clés, surnommé « basse guerrière ». Discutée à l’Académie des Beaux-arts en 1811 pour une utilisation dans les orchestres militaires français, elle est acceptée au Conservatoire. Malheureusement, son manque de justesse et sa difficulté à être jouée limitent son succès. La bass clarinet conçue par Iwan Müller, dont le nombre de clés est similaire à celui de la clarinette, rebute les clarinettistes de la Garde impériale habitués au modèle à six clés. Après des revers financiers en 1815, Dumas décède en 1832, léguant son invention au clarinettiste François Dacosta, ancien soliste de ce corps d’armée d’élite du Premier Empire.

En 1833

En 1833, François Dacosta collabore avec le facteur d’instruments de musique Louis Auguste Buffet pour améliorer la version léguée par Dumas. Fétis décrivit son usage pour la réalisation d’un récital de Dacosta le 12 mai 1833 dans la Revue et Gazette Musicale de Paris. Il le qualifia de « remarquable par la beauté de ses sons et son rôle orchestral ». Les œuvres jouées ce jour-là n’ont malheureusement pas été répertoriées.

Le musicien Catterino Catterini, de Monselice près de Padoue, a inventé vers 1833 une bass clarinet en Ut à plateaux appelée « glicibarifano ». Cette dernière ressemble à un basson. Il l’utilisa lors de la première de l’opéra Emma di Antiochia (1834) de Saverio Mercadante. Cet usage marqua la première apparition de l’instrument dans un opéra. Cependant, cette variante n’a pas dépassé les frontières de l’Italie.

En 1836

Dacosta utilise ensuite, en 1836, le modèle dérivé de celui de Dumas dans un solo du 5ᵉ acte de l’opéra Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer. Cette version, qualifiée de « clarinette octave-basse » par Louis Auguste Buffet, est disponible en ut et en si. Elle comportait 13 clés au départ, puis elle a été équipée successivement de 15 et de 17 clés par la suite.

Adolphe Sax et l’évolution de la bass clarinet

Dans les années 1830, le saxophoniste Adolphe Sax a érigé les fondations de la version moderne de la bass clarinet et a déposé un brevet en Belgique en 1838. Il lui a donné une forme rectiligne, a étendu sa tessiture et lui a ajouté un pavillon courbé dans sa partie inférieure. Son expertise acoustique l’amène à intégrer des caractéristiques telles que des trous d’harmonie plus larges et précisément positionnés, ainsi qu’un second trou de registre. L’instrument, équipé de 21 clés et d’une perce agrandie, prend ainsi une nouvelle dimension.

Des résistances sont rencontrées lors de l’installation d’Adolphe Sax à Paris dans les années 1840, avec des litiges répétés avec ses homologues parisiens. Cependant, plusieurs compositeurs tels que Meyerbeer, Berlioz et Rossini sont impressionnés par les améliorations apportées. Ils composent alors des parties orchestrales dédiées à cet instrument. Sax innove également avec un réflecteur de son spécifique, ce qui garantit que chaque note soit audible pour l’auditoire.

Évolution au XX^e et au XXI^e siècle

Au XX^e siècle, les avancées les plus notables sont attribuées au facteur Georges Leblanc Paris. Ce dernier introduit des innovations telles que le demi-trou pour le registre aigu/suraigu. La fixation du bocal, le bocal réglable et la clé de registre automatique, entre autres, font aussi partie des modifications apportées.

Certains modèles sont également fabriqués en métal, avec des contributions marquantes de la marque Pedler. Il s’agit du premier à les concevoir aux États-Unis, suivi par les enseignes Bettoney, Kohlert, Moenning et Leblanc.

Au XXI^e siècle, les fabricants continuent d’améliorer l’homogénéité et la qualité sonore des bass clarinet. Ils se concentrent surtout sur la production de versions haut de gamme, avec peu d’évolutions notables pour ceux destinés à l’étude. Certaines améliorations portent sur des spécificités telles que les modèles au ré grave, avec ou sans rallonge de tube amovible, et ceux à l’ut grave. Des ajustements ergonomiques du clétage ou encore l’utilisation de bocaux plus fermés ont également été adoptés.

La bass clarinet dans la culture

La bass clarinet est un instrument à vent polyvalent et évolutif. Elle s’intègre dans divers genres musicaux, des opéras classiques à la musique contemporaine, en passant par le jazz et d’autres styles moins conventionnels.

Utilisation dans la musique classique 

Initialement présente dans des opéras, comme Emma d’Antiochia de Saverio Mercadante, cette variante de la clarinette évolue pour devenir un élément essentiel de l’orchestre symphonique. Il s’illustre dans des solos au sein d’œuvres de compositeurs renommés tels que Franz Liszt, Richard Wagner et Giuseppe Verdi.

Exploration et évolution dans la musique contemporaine 

À partir des années 1960, des musiciens comme Stockhausen et Morton Feldman repoussent les limites de l’instrument. Ces derniers explorent de nouvelles techniques de jeu et de composition. La bass clarinet devient ainsi un terrain d’expérimentation pour la musique contemporaine.

Place dans le jazz 

Grâce à des pionniers tels qu’Eric Dolphy, elle occupe une place essentielle dans le jazz et dans la musique improvisée. Des musiciens comme Bennie Maupin ou John Surman contribuent à son exploration et à sa popularité.

Utilisation dans d’autres genres musicaux 

Cette clarinette spécifique se distingue également dans des genres moins conventionnels. On peut notamment citer la musique traditionnelle, le rock et la pop. Elle est même présente dans les musiques de film et offre des sonorités uniques et variées.

Instrument essentiel et polyvalent, elle trouve sa place dans une large gamme de styles musicaux. Elle est idéale pour l’exploration et la créativité des compositeurs et des interprètes.

Fabrication : comment c’est fait ?

La bass clarinet est fabriquée à partir de deux corps en bois à perce cylindrique : le bocal et le pavillon.

Mesurant environ 85 cm sans sa béquille et pesant dans les 7 kg, elle a subi des modifications pour qu’elle soit moins encombrante. Des pièces métalliques courbes ont ainsi été ajoutées à son tube résonateur. Une béquille, maintenue sur le corps inférieur derrière le pavillon, lui permet de reposer aisément sur le sol.

Comment en jouer ?

Jouer de cet instrument nécessite d’adopter une position spécifique en fonction du style musical choisi.

Pratique classique de l’instrument

En musique classique, la position assise est recommandée. Il est important de maintenir une posture droite pour prévenir d’éventuelles pathologies et garantir une bonne gestion de la colonne d’air. La clarinette repose sur une béquille tandis que le cordon est ajusté autour du cou. L’utilisation d’un siège ou d’un tabouret réglable en hauteur peut s’avérer utile.

La bass clarinet dans le jazz

Pour jouer du jazz, la plupart des solistes préfèrent se tenir debout : cette posture semble libérer davantage la colonne d’air et procurer une meilleure qualité sonore. Cependant, cette position soulève un problème lié au poids de l’instrument. Certains cordons manquent de confort, alors que d’autres permettent au musicien d’être parfaitement à l’aise. Pour soutenir cette variante de la clarinette dans un jeu debout, employer une pique de hauteur ajustable est recommandé.

Quelle est la notation musicale ?

La musique écrite pour la bass clarinet se base généralement sur la tonalité de si bémol. La clé de sol et la clé de fa sont utilisées pour la notation française. Exclusivement, la deuxième est choisie pour l’écriture musicale allemande. Toutefois, différents systèmes sont encore employés dans d’autres pays.

L’utilisation de cet instrument en la est devenue quasiment obsolète. Bien qu’elle permette aux musiciens de réduire le nombre d’altérations dans quelques rares morceaux, son usage a largement diminué. La particularité de jouer le ré bémol grave n’a plus d’intérêt, puisque les modèles en si bémol possèdent désormais une clé de mi bémol grave (correspondant au ré bémol sur un piano), voire une clé d’ut grave.

Attention et précision

Il est essentiel d’éviter les erreurs de manipulation, comme le fait de plier l’écouvillon à l’intérieur de la bass clarinet. Les tampons et les becs demandent aussi une attention particulière pour minimiser tout dommage ou dépôt de résidus indésirables.

Un entretien régulier et minutieux est crucial pour préserver l’instrument. L’adoption de méthodes de nettoyage adaptées à chaque composant de la clarinette est aussi conseillée. En ce qui concerne le réglage, se rapprocher d’un professionnel est recommandé, car cette opération nécessite une certaine expertise.

Apprendre de la bass clarinet

La maîtrise de la bass clarinet nécessite un entraînement régulier pour assimiler les subtilités de son mécanisme. L’apprentissage commence par une familiarisation avec la tablature et l’adaptation des doigtés, exigeant une posture ergonomique et des pratiques d’hygiène rigoureuses.

Les gammes, les arpèges et d’autres exercices techniques constituent les fondations. Comme pour tout instrument, le choix d’une méthode spécifique est crucial. Des cours particuliers avec un professeur ou des formations au conservatoire offrent des enseignements complémentaires en solfège et en théorie musicale.

Après cette phase initiale, l’apprenant peut se spécialiser dans la musique classique, telle que la musique de chambre, ou explorer le jazz et le swing. Des cours d’improvisation sur des grilles d’accords peuvent être suivis, en fonction des préférences personnelles.

Achat et choix

Le marché offre une vaste sélection de modèles de bass clarinet, chacun avec ses particularités. Choisir le bon instrument peut être complexe, surtout pour un premier achat. Certains critères clés méritent une attention particulière pour sélectionner une clarinette de qualité.

La marque

Les produits proposés par les marques varient en fonction des objectifs de vente de ces dernières. Certaines se démarquent par la qualité de leurs produits, tandis que d’autres privilégient les bénéfices.

La matière de fabrication

Les bass clarinet sont fabriquées avec différents matériaux tels que le bois, le plastique et le métal. Les modèles en bois offrent une qualité sonore exceptionnelle, mais requièrent un entretien rigoureux. Ceux qui sont réalisés en métal assurent une résistance accrue, tandis que ceux en résine ABS proposent un confort d’utilisation remarquable. Il est crucial de considérer les préférences, le niveau de jeu et les caractéristiques propres à chaque matériau lors de l’achat. De plus, disposer d’anches et de becs adaptés est essentiel pour tirer le meilleur parti de l’instrument en matière de rendu sonore.