L’histoire et l’origine de la bandoura

La bandoura descend d’un petit instrument à cordes appelé « kobza », connu sous les appellations « kobuza », « cobza », « coboz » ou « kobuz ». Il s’agit du plus ancien instrument de musique en Ukraine, dont les premières traces remontent au XIV^e siècle.

Origine du mot « bandoura »

L’origine de son nom est sujette à de nombreuses controverses. Certains estiment qu’il pourrait provenir de la pandore antique. D’autres, tels que Hnat Khotkevytch, bandouriste et compositeur, pensent qu’il serait d’origine orientale. Ce dernier le rattache au sanscrit : selon lui, le terme viendrait de vandin, signifiant « chanteur, celui qui glorifie ».

Histoire de la bandoura

Son histoire est étroitement liée à la cobza et aux kobzars, des musiciens-voyageurs itinérants. 

Entre le XV^e et le XVIII^e siècle, il a acquis une immense notoriété auprès des kobzars qui s’en servaient pour faire les louanges des guerriers ukrainiens : les cosaques. Ces derniers livraient bataille, munis de leurs instruments et incitaient le peuple à se révolter. Leurs principaux ennemis, les Tatars, ne tuaient pas leurs prisonniers, mais leur crevaient les yeux pour les rendre inaptes au combat. Devenus aveugles, les combattants se reconvertissaient alors en musiciens, plus précisément en bandouristes.

Au fil du temps, la kobuza a évolué et des pré-cordes, plus courtes, ont été ajoutées. Elles sont fixées à droite du manche pour augmenter le diapason. Le nom de « bandoura » s’est alors installé avec ces modifications. Grâce à celles-ci, le musicien peut créer une gamme chromatique sans changer la position de sa main. Le modèle, tel qu’il se présente aujourd’hui, compte entre 55 et 65 cordes. 

AU XX^e siècle, l’instrument connaît un réel engouement auprès des amateurs de musique. Il est enseigné dans de nombreuses écoles et a contribué à la création d’ensemble de bandouristes populaires. À partir de là, il est utilisé afin de rythmer des genres musicaux tels que la musique jazz ukrainienne dont elle fait partie intégrante.

Les différents types de bandouras

Plusieurs modèles de torbans sont disponibles et se différencient par leur sonorité ainsi que le nombre de leurs cordes :

• La version classique : il s’agit de la forme la plus répandue, possédant entre 55 et 65 cordes. Elle est également appelée « grande bandoura ».
• La kobuza : bien que les deux instruments soient techniquement différents, la kobuza est considérée comme une variante de celle-ci. Elle a une structure plus petite et quelques cordes en moins par rapport au modèle standard.
• La version électrique : les modèles les plus récents ont été électrifiés pour répondre à des besoins musicaux modernes. Certains sont dotés d’un micro, tandis que d’autres sont équipés d’un amplificateur. 
• Le modèle à pédale : les versions modernes sont équipées d’une pédale. Cet ajout favorise une meilleure flexibilité dans la création musicale. 

Certains musiciens, notamment professionnels, peuvent apporter des modifications spécifiques à leurs instruments afin de les personnaliser.

Un modèle révolutionnaire est né grâce au génie du compositeur Valentyne Lyssenko : la bandoura électrique. Elle représente l’Ukraine moderne et séduit par sa sonorité unique, capable de s’adapter à différents styles de musique : les hits contemporains, les mélodies hollywoodiennes, etc. Le bandouriste éblouit par ses reprises d’ABBA, de Jamala et de Sting, ainsi que par ses propres compositions. Tout cela lui a valu d’être invité à l’Eurovision. Il a permis d’élever le statut de l’instrument et d’élargir son répertoire au-delà des frontières de l’Ukraine.

Actuellement, le torban continue de préserver le patrimoine musical ukrainien. Le plus souvent, il se retrouve dans les défilés de cortèges de fêtes religieuses ou dans des événements profanes.

Le fonctionnement de la bandoura

D’une manière générale, les musiciens se servent de faux ongles pour jouer de la bandoura. Ceux-ci doivent être adaptés à la morphologie de leurs doigts. Ainsi, ils peuvent jouer des notes rapides, des accords et des arpèges. Il est aussi possible d’utiliser les ongles naturels, bien qu’ils soient moins résistants aux cordes en acier. 

La fabrication

La fabrication du torban est issue de la méthode traditionnelle. Elle implique l’utilisation de techniques et de procédés hérités de plusieurs générations d’artisans. Aucun détail n’est épargné dans le processus de création. 

Le luthier sélectionne minutieusement les matériaux des composants de l’instrument. Ce choix est important, car les matières choisies influent directement sur sa sonorité. Les modèles façonnés dans du bois massif comme l’acajou, le cerisier, l’érable ou le hêtre ont un meilleur rendu sonore. Les prototypes équipés de cordes en nylon proposent une tonalité ronde et riche. Ceux avec des cordes en acier produisent des sons plus aigus.

Les luthiers peuvent ajouter des éléments spécifiques et des finitions artistiques personnalisées suivant la demande des bandouristes.

La manière d’en jouer 

Le musicien utilise la technique du pincement des cordes avec les doigts pour jouer de la bandoura. Pour changer les notes, il modifie les mouvements et la vitesse de ses mains.

Sa posture doit suivre des règles précises pour garantir un jeu optimal. Pour ce faire, il tient le torban posé sur sa cuisse, dans une position perpendiculaire à son buste. Installé de cette manière, il peut faire sortir le meilleur de son instrument au niveau acoustique et harmonique. 

Dans la pratique, sa main gauche joue les graves et la droite, les cordes mélodiques. Les doigts doivent être souples et le toucher des cordes, sensible et léger. Il se retrouve alors dans une pratique équilibrée du luth et de la cithare. 

Le réglage et l’entretien de la bandoura

Le réglage de la bandoura est nécessaire pour disposer d’un son agréable à l’oreille. L’opération concerne principalement l’ajustement de l’intonation et la hauteur des cordes. Une action haute peut entraîner des difficultés de jeu, tandis qu’une action basse est source de grésillements. Pour ce faire, vous pouvez vous servir d’un accordeur électrique pour accorder correctement chaque corde. 

Un réglage plus approfondi nécessite le recours à un luthier. Il pourra optimiser le son et la jouabilité de votre instrument. Cela implique des ajustements au niveau du chevalet, de la courbure du manche et des frettes. Dans le cas où l’une de ces barrettes métalliques est en mauvais état, il convient de la remplacer immédiatement.

Nettoyez régulièrement votre bandoura après chaque utilisation avec un chiffon doux. Cette bonne habitude permettra de la garder en bon état sur le long terme. Rangez-la également dans une housse adaptée afin de la protéger contre les chocs. 

L’apprentissage de la bandoura

Les débutants peuvent compter sur une méthode progressive et ludique pour maîtriser le torban. Grâce aux livrets pédagogiques, ils apprennent étape par étape les bases de cet instrument : sa tenue, la posture à adopter, etc. 

De nombreuses plateformes partagent des tutoriels vidéo en ligne. Ils peuvent être gratuits ou payants, et sont dispensés par des professeurs passionnés. Certains d’entre eux offrent des formations personnalisées à distance. 

Par ailleurs, vous pouvez aussi vous inscrire dans des écoles de musique ou participer à des ateliers collectifs dédiés à l’apprentissage de cet instrument. Ces derniers donnent la possibilité d’interagir avec d’autres élèves pour apprendre efficacement et rapidement.

Quelle que soit l’option choisie, la clé pour exceller dans la bandoura est la patience, la motivation et la pratique régulière.