Origines et histoire de l’assotor

La percussion assotor est étroitement liée au culte vaudou de l’Haïti. Elle est notamment utilisée dans le but d’interpréter des chants et des danses en l’honneur des Loas. Ceux-ci sont des intermédiaires entre le Dieu suprême Bondye et les Hommes. Les louanges tout en musique permettent d’obtenir leurs faveurs et leur bénédiction. Dans cette optique, cet instrument accompagne les sons d’autres tambours tels que le ti-konngo, le manman et le timebal. Tout dépend des rites et des pratiques propres aux familles de Loas.

Le tambour assotor était employé comme moyen de communication des esclaves affranchis d’Haïti. Cette méthode était initiée par le Franco-haïtien Toussaint Louverture pendant l’expédition de Saint-Domingue par les militaires français en 1802. Ils avaient comme objectif de restaurer la colonisation dans ce pays.

Malgré la résistance de ce gouverneur et général des colonies à Saint-Domingue, il était vaincu et ensuite exilé. Il meurt en captivité en avril 1803.

Quoi qu’il en soit, l’indépendance était proclamée le 1^er janvier 1804. La colonie française de Saint-Domingue est alors baptisée Haïti.

Par ailleurs, l’écrivain haïtien Jacques Roumain a réalisé une étude approfondie sur ce tambour en 1945. Vous pouvez en savoir plus sur les valeurs culturelles et musicales de cet instrument en lisant son œuvre : « Le sacrifice du Tambour Assotor ».

Assotor et culture

Dans les cultes vaudous, les percussionnistes élus dansent autour de ce tambour et sautent à tour de rôle afin de frapper sa membrane supérieure. Les sons de cet instrument sont puissants et résonnent dans les montagnes.

Ce grand tambour est présent lors des fêtes, des célébrations et des carnavals. Il anime alors le rythme des danses et des chants haïtiens tels que le compas, le méringue, le calinda et le rara.

Malgré sa relation étroite avec les cultures et les traditions d’Haïti, l’assotor connaît un rayonnement mondial. En effet, les artistes œuvrent en vue de le promouvoir en parallèle avec les styles musicaux originaires de ce pays.

Le groupe Chay Nanm développe la musique haïtienne à l’échelle nationale et internationale. En 2006, il crée un style musical dénommé « Jazzievod », une fusion entre le jazz et les rythmes musicaux traditionnels d’Haïti.

Créé en 2019, le groupe haïtien Zafem vulgarise également la musique de leur pays dans le monde. Il est notamment spécialisé au compas. Néanmoins, il interprète aussi du jazz et de la world music. Ce groupe a aussi l’habitude de réaliser un show de tambour assotor. Une démonstration qui émerveille le public.

Les membranes recouvrant les ouvertures de cette percussion sont en peau de vache. Elles sont alors maintenues par des cerclages en bois ou en métal.

Des cordes en bambou, en sisal ou dans d’autres matières assurent la tension des membranes. Ces tirants peuvent être attachés au niveau des cerclages et lier également les deux membranes en formant des zigzags le long du fût.

La baguette servant à frapper cet instrument est en bois de bouleau ou d’acajou. En réalité, toutes les essences de bois conviennent, du moment que le dispositif est moyennement lourd et facile à prendre en main.

Comment en jouer ?

Dans la pratique du vaudou, il est d’usage de danser autour de l’assotor et de sauter en frappant la membrane de ce dernier. S’il est confié à un seul percussionniste, celui-ci monte sur un tabouret ou sur un arbre pour en jouer.

Quant aux musiciens qui présentent des spectacles, ils préfèrent un tambour de taille moyenne. Il est alors possible de le taper en position assise en plaçant l’instrument devant soi ou entre les cuisses. Les frappes s’effectuent alors à l’aide d’une baguette ou des mains.

Notation musicale : comment la musique est-elle conservée ?

L’usage de notations musicales n’est pas vraiment de rigueur pour l’assotor. Dans le vaudou, les percussionnistes se basent sur les rythmiques propres aux rites et aux genres musicaux traditionnels. Les compétences s’acquièrent par la pratique et grâce aux performances de l’oreille absolue.

Néanmoins, des partitions sont élaborées par des artistes qui promeuvent la musique folklorique haïtienne. Ces types de documents sont aussi proposés dans des écoles de musique afin de parfaire l’initiation des apprentis.

Réglage et entretien de l’assotor

L’accordage du tambour assotor s’effectue à partir des cordes qui tendent les membranes. Généralement, cette percussion a des sonorités graves et puissantes. Elles deviennent aiguës à mesure que les tirants sont serrés.

Concernant l’entretien, ce tambour est à ranger dans un endroit à l’abri de l’humidité et du rayonnement solaire. Il est conseillé d’imbiber souvent les membranes d’huile d’amande douce. Cette initiative permet, en effet, de les protéger des craquements.

Apprentissage de l’assotor

Pour apprendre à jouer de l’assotor, il est recommandé de s’inscrire dans une école de musique haïtienne. Ainsi, vous bénéficiez des conseils et de l’accompagnement d’un coach confirmé et expérimenté.

Le formateur vous parle alors de la place de ce tambour dans la culture et dans les traditions de l’Haïti. Il vous renseigne aussi sur les genres musicaux nécessitant son usage. L’encadreur vous montre les bonnes façons de tenir le tambour assotor. Il vous enseigne aussi les différentes manières de le frapper autant avec la baguette qu’avec les mains.