Ces instruments existent en différentes versions. Les plus petites proposent une sonorité aiguë, tandis que celles de grande taille émettent un son plus grave. Il est également possible de rehausser son esthétique en y ajoutant divers éléments décoratifs en fonction du goût du musicien. Ainsi, l’açon devient un objet artistique à part entière. De nombreuses personnes l’exposent dans leur séjour pour donner le ton à leur décoration intérieure.
L’histoire et l’origine de l’asson
L’origine de l’asson est indéterminée pour de nombreuses raisons. Le manque de données et les migrations en font partie. Toutefois, les historiens confirment les hypothèses selon lesquelles l’instrument a puisé ses racines dans le vaudou, vodou ou vodoun. Il s’agit d’une religion pratiquée dans l’ancien royaume du Dahomey, en Afrique de l’Ouest. Elle est encore populaire au Togo et au Bénin jusqu’à aujourd’hui.
Au XVIIe siècle, un grand nombre d’Africains originaires de cette région ont répandu le culte vaudou en Amérique et aux Caraïbes. Ils ont également répandu leurs traditions en Afrique du Nord, où la pratique se présente sous diverses formes. La plus connue vient du Maroc et porte l’appellation de « gnawa », mélangé au folklore religieux berbéro-musulman.
L’instrument s’est retrouvé au Brésil, à Cuba, aux États-Unis (particulièrement en Louisiane) et en Haïti. Les coutumes haïtiennes nécessitent l’utilisation de l’açon pour servir de conducteur de rythme et accompagner les chants et les danses. Il est devenu rapidement une figure emblématique de la musique haïtienne.
Les symbolismes de l’asson
Plus qu’un simple instrument de percussion, l’asson connaît également d’autres usages. Le premier est de servir de refuge contre l’oppression culturelle et l’exploitation des colonisateurs. Les sons et les rythmes produits manifestent leur mécontentement à l’égard de ces derniers. Par ailleurs, ils évoquent également la capacité du peuple à se soutenir et à être soudé face à n’importe quelle crise.
Son autre fonction est de marquer l’appartenance à une race ou à une ethnie. Grâce aux éléments décoratifs employés, il est facile de déterminer l’origine tribale de chacun. Toutes les peintures et les sculptures utilisées se rattachent à l’histoire et à la culture d’un peuple défini. Celles-ci sont ensuite transmises à la génération future.
La sonorité de cet idiophone joue un rôle important en tant qu’instrument de musique, mais aussi en tant que symbole de tradition et d’identité culturelle en Haïti.
La place de l’asson dans la culture
Depuis ses prémices jusqu’à nos jours, l’asson s’est largement développé dans ce pays caribéen et à travers le monde. Il s’est fait une place de choix parmi les peuples qui l’ont exploité en ajoutant une dimension rythmique unique à leur musique. Sa forme est différente en fonction des régions où il a été utilisé, sans pour autant s’éloigner de son apparence originelle.
En Haïti
Dans les sociétés haïtiennes rurales, l’açon demeure omniprésent. Sa présence crée une atmosphère propice à la communication avec les esprits et à la transe lors des rituels vaudous. Le plus souvent, il est souvent joué en groupe. Pendant la performance, chaque instrumentiste met en place un rythme complexe et dynamique.
L’asson est utilisé pour annoncer ou rappeler la prise de possession d’une zone définie. Ceux qui détiennent le statut d’initié et qui ont reçu l’instrument des esprits, appelés loas ou iwas, sauront communiquer avec les crécelles sacrées dans un style appelé « asson parlant ».
Recevoir l’açon permet également à une personne d’avoir tous les droits et les responsabilités d’un maître vaudou. Elle a ainsi accès à tous les esprits de la maison à laquelle elle a été initiée. Elle est aussi en mesure de travailler avec ces êtres surnaturels et de les invoquer.
Dans les autres pays
La musique africaine exploite énormément les instruments de percussion de toute sorte. Il existe de nombreux modèles dont l’allure se rapproche de celle de l’asson. Parmi eux figure le chekeré, un instrument originaire du Togo, du Bénin et du Nigéria. Le corps est une calebasse remplie de perles ou de graines de dattes. Le balafon est une autre déclinaison de l’açon. Il est majoritairement présent au Mali et dans certaines régions d’Afrique. Ces différents modèles se distinguent par leur aspect et leurs dimensions propres à chaque région.
Au Brésil, sa variante se nomme « afoxé ». Elle constitue une pièce maîtresse de la culture afro-brésilienne. Dans ce contexte, cette percussion accompagne souvent l’agogô, le berimbau et l’atabaqué. Entre les mains des chanteurs au sein d’orchestres de samba, elle met en avant des rythmes festifs et entraînants. En Amérique latine, cet instrument prend le nom de « maraca ». Son corps est formé d’une calebasse séchée qui provient de l’espèce Cucurbita lagenaria. Sa plus grande particularité est sa poignée naturelle découlant du prolongement du fruit au niveau du pédoncule. Il est surtout joué pour le joropo, une forme musicale répandue au Venezuela.
Le fonctionnement de l’asson
Pour produire le son de l’asson, il suffit de le secouer. Le musicien peut jouer avec une seule pièce ou une paire de percussions. Il effectue des mouvements en suivant un rythme défini.